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Au Darfour, les tensions interethniques restent vives

Au Soudan, la grande ville d’El Geneina, au Darfour, vient de rouvrir. Après plusieurs jours de siège par des tribus arabes suite à des tensions tribales, l’encerclement de la localité a finalement cessé grâce à des négociations. Mais la région est toujours en proie aux tensions ethniques. Ce dimanche, des cultivateurs ont manifesté aux abords de la ville d’El Fasher après le meurtre d’un des leurs. Un incident qui illustre les fractures actuelles du Darfour.

Avec notre envoyé spécial à El Fasher, Sébastien Németh

Venus du village d’Arfana, des dizaines de membres de l’ethnie Barti ont bloqué la route à l’entrée d’El Fasher et brûlé des pneus. Abdelaziz Shumo Abderahman est un ancien. Il explique leur colère : « Des Arabes nomades sont arrivés et ont fait manger leurs chameaux sur les terres d’un des nôtres. Le cultivateur a essayé de les faire partir, mais ils l’ont poignardé. Après le meurtre, les nomades ont fui en laissant leurs animaux. »

Coexistence difficile

Les villageois ont amené les dizaines de chameaux abandonnés devant El Fasher. Ces cultivateurs produisent sésame, maïs, pastèque et haricots. Mais la coexistence avec les nomades a toujours été difficile autour du partage des ressources. Un homme équipé d’une lance explique que ça ne peut plus durer : « Tous les ans on a le même genre d’incident. Nous n’avons pas encore fini de récolter. Les nomades ne doivent pas passer, sinon nos plantations vont être mangées par leurs bêtes. On ne peut pas rester assis pendant qu’on détruit nos terres. »

Les Bartis demandent que le meurtrier présumé soit livré à la police. Mahammaden Al Ansari Ahmad est le maire d’Arfana. Il est venu négocier avec les autorités locales. Pour lui, les nomades ont violé les accords traditionnels : « Les Soudanais ont le droit de voyager avec des animaux. Mais il y a une tradition orale qui explique précisément les routes et les périodes à respecter. Et c’est après les récoltes. La révolution est venue pour rétablir l’État de droit. Ces incidents doivent être encadrés par la loi. »

Méfiance des tribus

La situation est d’autant plus compliquée, que le meurtrier a été arrêté par les paramilitaires qui ne l’ont toujours pas livré. Ce qui exacerbe la méfiance des tribus à l’égard des forces censées sécuriser le Darfour.

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