En Centrafrique, cela fait plus d’un mois que les motos-taxis sont interdits de circuler pour raisons de sécurité, selon les autorités. Elles soupçonnaient certains chauffeurs de transporter les rebelles qui ont tenté mi-janvier d’attaquer Bangui. Résultats pour les 38 000 motos-taxis de Bangui, le quotidien rime avec galère et débrouillardise.
Avec notre envoyée spéciale à Bangui, Florence Morice
Une boîte de conserve à la main en guise de cagnotte, Abu Hassan, 20 ans, interpelle les chauffeurs aux abords d’un carrefour agité de Bangui pour récolter un peu d’argent : « Depuis qu’on m’a interdit de travailler comme moto-taxi, c’est vraiment devenu difficile. »
Boucher les trous dans le goudron
Pour faire vivre sa famille, Abu Hassan a dû s’inventer une activité : « J’ai décidé de boucher les trous sur le goudron. J’ai trouvé un seau, du sable et j’ai loué une pelle dans mon quartier. Et en échange, je demande un petit quelque chose aux passants. Ils me donnent un peu petit peu d’argent. Certains donnent 100 francs, 200 francs ou mieux 500 francs. »
Pas assez pour vivre dignement, raconte son ami Otniel, moto-taxi lui aussi : « Pour s’en sortir, on fait le sale boulot. On débroussaille chez les gens, on ramasse les ordures parfois. Tout ça, c’est une conséquence de la guerre. »
« Ma moto a été confisquée »
Poussés par la nécessité, certains motos-taxis comme Jacques ont tenté de braver l’interdiction de travailler à leurs risques et périls : « Ma moto a été confisquée. J’ai dû négocier et donner un peu d’agent pour qu’on me la rende. »
Au siège de l’Association des motos-taxis du IIe arrondissement de Bangui, les plaintes sont quotidiennes témoigne Jean Kossamake, son président : « Tous les jours, on voit les appels de ces conducteurs qui se plaignent. Vraiment, ça ne va pas. En plus dans le pays, tout est cher maintenant. Si tu ne travailles pas, c’est difficile. »
L’impatience grandit au sein de la profession, d’autant que chacun ignore ici combien de temps durera cette interdiction.