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Madagascar: des femmes témoignent des risques de l’avortement clandestin

Un documentaire sur les pratiques de l’avortement à Madagascar. C’est le résultat d’enquêtes menées sur le terrain par le mouvement Nifin’Akanga, du nom d’une plante abortive utilisée à Madagascar. L’association se bat depuis trois ans pour la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse sur la Grande Ile. À travers quinze récits de femmes ayant eu recours à des avortements clandestins, dans trois régions différentes de la Grande Ile, ce documentaire, présenté hier à l’Institut français de Madagascar, veut faire bouger les lignes.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain

Face aux non-dits habituels qui entourent l’avortement, le documentaire met en évidence la réalité cruelle des femmes qui y ont recours. Mbolatiana Raveloarimisa est l’une des fondatrices du mouvement Nifin’Akanga.

« Le mot qui revient toujours dans les récits dans le film, c’est « peur » : peur de la société, peur de mourir, peur de la loi, peur d’être mal vu et finalement, c’est cette peur qui est en train de miner les gens et qui fait que l’hypocrisie collective grandit de jour en jour. Mais cette peur ouvre aussi la porte à la clandestinité. Donc à toutes ces pratiques horribles. Les pratiques qui peuvent tuer les femmes, les pratiques qui coûtent horriblement cher en vie et en économie pour certaines femmes. Donc mis à part ceux qui le font vraiment d’une manière professionnelle et consciente, il y a aussi plein de gens qui charcutent les femmes, qui sont en train de faire mourir les femmes et sans état d’âme parce qu’elles ont peur et il y a des gens qui profitent de ça. »

La loi malgache qui punit l’avortement est en contradiction avec les usages de la société, fait remarquer le mouvement Nifin’Akanga.

« Pendant nos enquêtes sur le terrain, on a constaté que quelque soit les raisons, quelque soit les contraintes, si une femmes est décidée à avorter, il n’y a rien qui est capable de la démotiver. Lorsqu’une femme est enceinte et qu’elle décide d’avorter, en 30 minutes à Madagascar, de nos jours, on peut trouver une solution, mais forcément cette solution n’est pas la bonne. Il y a toujours quelqu’un qui connait quelqu’un qui a déjà pratiqué l’avortement. Rapidement, on te conseille une matrone ou un tradi-praticien du quartier ou un médecin indépendant qui a décidé de ne faire que ça », détaille le docteur Fanzy Mefire, responsable des études au sein de l’association.

Pour toucher un public plus large, les témoignages recueillis de ces femmes qui ont dû avorter au péril de leur vie – faute de loi pour les protéger – sont aussi diffusés sous forme de théâtre radiophonique sur les ondes de dix stations de la Grande Ile.

Même si la loi malgache l’interdit, 75 000 avortements sont pratiqués chaque année à Madagascar et ils représentent la deuxième cause de décès maternels selon une estimation du ministère de la Santé.

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