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En Ouganda, les habitants de Lukodi soulagés par la culpabilité reconnue d’Ongwen

Dominic Ongwen a été déclaré coupable, jeudi 4 février, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. L’ancien commandant de la LRA, le groupe rebelle à l’origine d’une guerre civile qui a ravagé le nord de l’Ouganda pendant vingt ans, est reconnu responsable de meurtres, esclavage sexuel, pillage, torture, enlèvement d’enfants, entre autres. À Lukodi, village ravagé par une attaque orchestrée par Dominic Ongwen en 2004, les habitants sont soulagés par le verdict.

Avec notre envoyée spéciale à Lukodi, Lucie Mouillaud

L’ancien chef de guerre ougandais Dominic Ongwen, a donc été jugé coupable par la Cour pénale internationale de La Haye à l’issue d’un procès qui a duré cinq ans, celui qui était l’un des principaux commandants de la LRA (Armée de résistance du Seigneur) a été reconnu hier responsable pénalement de nombreuses exactions commises dans le nord de l’Ouganda entre 2002 et 2005.

Ses avocats avaient essayé de dépeindre cet ancien enfant soldat comme victime lui-même de la LRA. Mais la Cour n’a pas suivi ce raisonnement et l’a déclaré coupable de 61 des 70 chefs d’accusation de crimes de guerre et crimes contre l’humanité portés contre lui.

Tous rassemblés autour d’un poste de radio sur la place principale du village, les habitants de Lukodi applaudissent le jugement de la Cour pénale internationale. Pour Evelyn, qui a perdu cinq membres de sa famille la nuit de l’attaque de la LRA, ce verdict va l’aider à tourner la page.

« La CPI nous a écoutés, je me sens vraiment soulagé par le jugement. Dominic Ongwen devait payer tous les crimes qu’il a commis. »

Un à un, des membres de la communauté se lèvent pour s’exprimer sur le jugement. Tous attendent maintenant que la CPI annonce la peine de prison de l’ancien commandant de la LRA. Pour Okullo, Dominic Ongwen doit rester enfermé le plus longtemps possible.

« Nous voulons qu’Ongwen reste en prison toute sa vie. Il ne doit pas revenir en Ouganda ; nous voulons qu’il aille en prison et qu’il y reste, parce qu’il a causé beaucoup de destruction. »

Une autre question reste en suspens pour Ojera Santo : celle de la compensation des victimes. « Nous avons souffert pendant si longtemps, nous devons maintenant recevoir les réparations qui nous sont dues pour pouvoir vivre décemment. »

Au total, une cinquantaine de personnes du village sont décédées la nuit de l’attaque de la LRA, le 19 mai 2004.

Tolit Charles Atiya, Avocat, spécialiste de droit pénal international, et chercheur au Nile institute, ancien responsable d’ONG des peuples Acholi, du nord de l’Ouganda, a suivi ce procès avec attention.

Il se dit « d’un côté satisfait, parce que son implication dans les évènements était décisive. Donc en premier lieu on se dit qu’un verdict comme celui-là permet à certains de faire leur deuil et à ceux qui sont passés par ce long processus de la CPI de ressentir un soulagement. Mais l’accueil doit aussi être plus mesuré parce que beaucoup en Ouganda s’identifient à Dominic Ongwen. Beaucoup d’anciens combattants sont revenus à la vie civile, n’ont jamais demandé l’amnistie, donc ils vont se demander s’ils peuvent craindre des poursuites ou si cette histoire est terminée. Et puis au-delà de ce procès, il y a la question de la justice, des responsabilités, des réparations, et pour cela, pas grand-chose n’a été fait. »

est la Responsable adjointe du département Justice internationale à la FIDH, organisation qui a suivi ce procès avec attention. Elle salue en particulier la grande prise en compte par la Cour des violences liées au genre, comme les mariages forcés et les grosses non désirés.

Delphine Carlens

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