L’Allemand Volker Perthes prend la tête de la Minuats, la Mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan. Créée en juin par le Conseil de Sécurité, cette entité prend le relais de la Minuad, l’opération des casques bleus au Darfour, dont le mandat s’est terminé fin décembre. Beaucoup s’interrogent sur cette nouvelle mission politique, sans soldats, alors que le Darfour connaît une recrudescence des violences.
Avec notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh
A peine arrivé, Volker Perthes aura droit à 7 jours de quarantaine obligatoire. Covid-19 oblige. L’Allemand, professeur de relations internationales et arabophone, a une longue expérience onusienne, notamment en tant qu’envoyé en Syrie.
Il prend la tête de la Minuats, une mission exclusivement politique, chargée officiellement de « soutenir la transition, d’appuyer le processus de paix et la mobilisation de l’assistance économique ». A terme, ses 300 employés auront des bureaux à Khartoum, au Darfour, au Sud Kordofan et dans l’Est. On est donc bien loin de la mission de maintien de la paix Minuad, qui comptait plus de 15 000 casques bleus au Darfour exclusivement, mais dont Khartoum réclamait le départ.
Or c’est justement un vrai problème pour la région, en proie à une recrudescence des affrontements tribaux. Un acteur humanitaire s’inquiète de l’accès de l’aide aux populations. « La Minuad nous escortait et sa simple présence avait un impact. Désormais il y a un vide », dit-il.
Et en effet, la nouvelle mission Minuats n’a pas de troupes et au Darfour, c’est désormais aux Soudanais d’assurer la sécurité. Une force nationale de 12 000 hommes n’est pas en place. Lorsque des violences surviennent, le gouvernement envoie des soldats, policiers ou paramilitaires, qui repartent au bout de quelques jours. « Le pouvoir veut montrer qu’il peut intervenir, mais ce sont des réactions improvisées », confie un diplomate.
Bref, pour beaucoup d’observateurs, Volker Perthes et la Minuats arrivent trop tôt, alors que le gouvernement et les institutions sont encore trop fragiles.