En République démocratique du Congo, après les membres du bureau de l’Assemblée nationale, c’est au tour du président du Sénat d’être dans la tourmente. Alexis Thambwe Mwamba, un proche de l’ancien président Joseph Kabila, est soupçonné par le parquet près de la Cour de cassation de détournements de deniers publics. Il a demandé au bureau du Sénat l’autorisation d’instruction.
Avec notre envoyée spéciale et notre correspondant à Kinshasa, Sonia Rolley et Pascal Mulegwa
Dans son réquisitoire, le procureur cite quelques faits. Le 6 janvier de cette année, le président du Sénat a tiré pour le compte de son institution trois chèques d’un montant respectif de deux millions d’euros, un million de dollars et un million de francs congolais. Dans le même document reçu le 1er février par la chambre haute du Parlement, le procureur explique que l’argent a d’abord été retiré par le trésorier du Sénat, qu’il a été donné au conseiller financier du questeur avant d’être remis au président chez lui à domicile. Pour le parquet, ces faits sont « susceptibles de constituer l’infraction de détournement de deniers publics ».
« Étant donné la gravité des faits, au regard des montants lui ayant été remis et la nécessité de décourager ce type de comportement », écrit encore le magistrat, « il est impérieux que le président du Sénat puisse donner sa version des faits ». Au même moment, plusieurs pétitions ont été déposées contre des membres du bureau du Sénat, dont son président.
Alexis Thambwe Mwamba, qui présidait une séance ce mardi, a insisté sur le fait qu’aucune motion ne pourrait être examinée au cours de cette session extraordinaire en se basant sur le règlement intérieur. Une séance sous haute tension. Les sénateurs ont failli en venir aux mains, rapporte la presse locale.
Alexis Thambwe Mwamba s’est exprimé devant les journalistes, démentant les accusations du parquet. « Les fonds avaient été consignés parce qu’ils étaient sortis très tard de la banque, le lendemain, ils ont été ramenés ici, j’ai donné des pièces justificatives. Ces fonds sont bien entrés dans le Tresor, il n’y a pas eu de détournement de ma part. » En réponse au parquet général qui a demandé la levée des immunités d’Alexis Thambwe Mwamba, le bureau du Sénat a estimé dans une correspondance, qu’il n’y avait pas matière à autoriser l’instruction sollicitée.
Quant aux pétitions, « Nous sommes en démocratie, il n’y a pas de poste qui soit là pour la vie , ça n’existe pas. On a un mandat et un jour si ceux qui m’ont donné le mandat décident que je dois partir, je dois partir, ce n’est pas la fin du monde », a affirmé le président du Sénat.
La session du jour était dédiée à l’examen et l’adoption du projet de loi de ratification portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine.