Combien d’initiatives en faveur de la conservation des paysages malgaches ont-elles été lancées ces dernières décennies ? Combien ont-elles fini par aboutir et donner des résultats probants ? Très peu. C’est pour inverser la tendance que le « think and do tank » malgache Indri, en s’inspirant de modèles qui ont fait leurs preuves au Malawi ou en Allemagne, s’est mis en tête de constituer une « agora des paysages et des forêts » pour reverdir la Grande Île et protéger ce qu’il reste de son patrimoine endémique. Avec cette fois, une approche bien particulière.
avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
Madagascar perd environ 400.000 hectares de forêts par an. Soit deux fois la superficie de l’île Maurice. Malgré tous les efforts entrepris à ce jour, les experts craignent une disparation totale des forêts naturelles d’ici 2040. A moins que l’intelligence collective ne soit mobilisée une bonne fois pour toute et ce pour un même dessein, explique Vatosoa Rakotondrazafy, la Coordinatrice nationale des paysages terrestres et marins chez Indri qui pilote l’agora.
« On s’est rendu compte que les efforts sont éparpillés. On a tous les acteurs, toutes les compétences existantes mais ce qui manque véritablement c’est la coordination des efforts entre tous ces acteurs. Le gouvernement fait le reboisement. Les ONG font ce qu’elles font. Les bailleurs financent des activités qui ne répondent peut-être pas aux besoins [réels du pays]. Et l’objectif de l’agora c’est de rassembler tous ces acteurs pour qu’ils travaillent ensemble. Et ça, ça n’a jamais existé avant. »
Prochain objet d’étude prioritaire : le reboisement. La cinquantaine de partenaires doit se réunir d’ici quelques semaines pour définir un plan d’actions. L’appropriation par les communautés locales de ces opérations est essentielle, rappelle le think and do tank, pour maximiser les chances de réussite sur la durée.
« A l’agora, on aimerait éviter autant que possible les reboisements qui se focalisent plus sur la communication, ou que les gens appellent « les reboisements pique-nique ». Et voir comment ces actions peuvent être bien suivies et à quelle échelle ces actions peuvent être répliquées dans tout le pays. Aujourd’hui les églises, les leaders traditionnels, spirituels ne sont pas suffisamment impliqués dans les questions de préservation de l’environnement. Alors que ce sont des gens qui sont très influents au niveau de la société. Donc au niveau de l’agora, nous allons essayer de les impliquer dans cet objectif de reverdir Madagascar et de restauration des paysages et des forêts. »
Et produire ainsi un sursaut psychologique positif chez toute la population, qui dépend à 80% du secteur primaire.
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