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Madagascar: un débat public sur la pénurie d’eau qui touche le pays

Le Collectif des citoyens et des organisation citoyennes, un plateforme de la société civile, s’est emparée de ce sujet brûlant vendredi 29 janvier en organisant un échange avec la Tananariviens dans la capitale. Un débat retransmis en direct sur Facebook. Dans la Grande Île, plus de la moitié de la population (57%) n’a pas accès à une source d’eau améliorée. Coupures d’eau incessantes dans la plupart des quartiers de la capitale et dans d’autres grandes villes, sécheresse dans le Grand Sud, ces dernières semaines, la pénurie s’est aggravée.

De notre correspondante à Antananarivo

« Y a t-il suffisamment de sources d’eau à Madagascar pour satisfaire les besoins de toute la population ? Quelles solutions sur le long terme pour résoudre le problème de pénurie » Dans le public, les questions reflètent l’inquiétude de nombreux Malgaches. Parmi les participants, Tatiana, 21 ans, étudiante en économie.

« Je suis venue parce que le problème d’eau s’aggrave de jour en jour à Madagascar ! Sur les réseaux sociaux, les gens ne parlent que de ça. J’habite dans un quartier de la haute ville et il y a souvent des coupures. Ça a toujours été comme ça. J’ai toujours vu des gens qui font la queue devant les bornes fontaines avec leurs bidons pour avoir de l’eau. »

La pénurie d’eau provoque des tensions. Elle a déclenché en début de semaine une manifestation des étudiants de l’université d’Antsiranana, dans l’extrême nord du pays.

La société civile déplore les faibles moyens alloués à ce secteur. Safira Rakotonirina est la chargée de projet au sein du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes. « Actuellement le budget alloué au secteur eau, assainissement et hygiène n’est pas du tout suffisant parce qu’il ne représente que 1,4% du budget général et 0,4% du PIB », dit-elle.

Infrastructures vétustes, production insuffisante face à la croissance démographique, changement climatique qui entraîne une rareté des pluies, les causes de la pénurie d’eau sont multiples mais les solutions existent, assure Aurel Rabehanta de l’ONG Wateraid, l’une des intervenantes.

« Il y a des sources d’eau certainement en train de s’amenuiser, mais il y a de l’eau à Madagascar non exploitée, faute de budget, faute d’application de la politique et faute d’endurance par rapport aux autres priorités socio-économiques. Donc notre appel va vers les gouvernants en disant : Priorisons l’eau. Vient par la suite le succès des autres secteurs. On constate des carences d’eau carrément maintenant dans la capitale et il y aussi en ce moment pas mal d’exode dû au manque d’eau, au tarissement d’eau des fleuves dans le sud du pays. Les ressources en eau qui existent, le peu qu’il reste actuellement, va finalement ne servir qu’à l’agriculture et pour la consommation, c’est là le grand problème : l’eau n’est pas potable. Donc cela entraine des diarrhées, bilharzioses, et là en pleine période de pandémie, on dit « gestes barrières, hygiènes des mains » mais comment se laver les mains avec du savon s’il n’y a pas d’eau ? À la base même du développement personnel, communautaire, régional, national, il y a l’eau. »

Le ministère de l’Eau, invité par la société civile à ce débat, a annulé sa venue.

Lors du conseil des ministres de mercredi (27 janvier), les autorités ont indiqué que des travaux pour la mise en place de 46 forages dans la capitale et dans le reste du pays débuteront la semaine prochaine. L’eau de ces forages sera non potable, précisent-elles.

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