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RDC: la dernière journée du Premier ministre Sylvestre Ilunga

Le Premier ministre Sylvestre Ilunga a finalement démissionné hier. Après bien des tergiversations, ce proche de l’ancien chef de l’État a remis sa lettre au président Tshisekedi. Les deux hommes se sont entretenus et à la sortie, le chef du gouvernement sortant a prononcé quelques mots devant la presse présidentielle. Il a remercié le président Tshisekedi pour sa confiance ces quinze derniers mois et l’ancien chef de l’État Joseph Kabila pour l’avoir choisi comme candidat Premier ministre.

Avec notre correspondante à Kinshasa, Sonia Rolley

La démission de Sylvestre Ilunga, Félix Tshisekedi la demande depuis octobre 2020. Quand le chef de l’État annonce des consultations en vue de former une Union sacrée, son Premier ministre assure aux diplomates qui défilent dans son bureau qu’il refusera, sans l’accord de son autorité morale Joseph Kabila. S’en suivent trois mois de coups politiques, de la destitution du bureau de l’Assemblée nationale au vote d’une motion de censure contre le gouvernement.

Jusqu’à jeudi midi, l’entourage du Premier ministre assurait que ce dernier ne démissionnerait pas, malgré les 301 signatures demandant l’examen de la motion et les 367 bulletins favorables à sa destitution. Ses proches dénonçaient encore la corruption des députés, la violation de la Constitution, du règlement intérieur de l’Assemblée et les abus de pouvoir de son bureau provisoire.

Jusqu’à la dernière minute, c’est l’incertitude. À la présidence, on se dit surpris de voir arriver le Premier ministre et sa lettre de démission si vite, tant les signaux étaient contradictoires. À la sortie de son entretien avec Félix Tshisekedi, Sylvestre Ilunga a repris une célèbre phrase du chanteur Charles Aznavour : « il faut savoir quitter la table quand elle est desservie. » Mais le Premier ministre sortant ajoute : « mais je ne vais pas quitter la table desservie chez moi pour aller continuer à manger chez le voisin. » Selon certaines sources, le chef de l’État aurait proposé à son chef de gouvernement de rejoindre l’Union sacrée, ce que ce dernier aurait refusé.


Premières contestations autour du bureau de l’Assemblée nationale

Les députés avaient jusqu’à 18h pour déposer leur candidature pour devenir l’un des sept membres du bureau définitif de l’Assemblée nationale. Le vote est prévu à partir du 1er février et devrait durer 48h. L’affichage des listes définitives est prévue pour ce samedi… Mais il y a déjà quelques remous.

C’est l’informateur Bahati Lukwebo qui est venu remettre le nom des candidats de l’Union sacrée à l’élection du bureau définitif. Son candidat-président, c’est Christophe Mboso Kodia, l’actuel président du bureau provisoire qui organise cette élection, c’est un transfuge du FCC de Joseph Kabila. Sur ce ticket, la candidature à la première vice-présidence est attribuée à Jean-Marc Kabund, président du parti présidentiel, l’UDPS. Ce serait une revanche pour ce dernier qui avait été démis de ce poste en mai 2020 suite à une pétition. L’AFDC de Bahati Lukwebo, Ensemble de Moïse Katumbi et le MLC de Jean-Pierre Bemba ont candidaté chacun pour un poste.

Mais dès hier, avant même la publication des listes, les premières contestations sont apparues. D’abord, du côté du FCC qui dénonce déjà le fait que certains de ses candidats soient écartés. Officiellement, la coalition pro-Kabila n’a pas de candidat… Mais elle a laissé la liberté, selon son comité de crise, à ses députés de présenter en indépendant. Ce qui leur serait aujourd’hui reproché, vu leur affiliation au moment de leur élection. Parmi les candidatures menacées, celle de l’ancien gouverneur de Kinshasa, Jean Kibunda, au poste de président, un poste pourtant dévolu à l’Union sacrée. D’autres candidatures pourraient être écartées, comme celle du député Jacques Djoli qui n’est pas porté par son parti, le MLC de Jean-Pierre Bemba. Il avait pourtant pris soin d’annexer plusieurs décisions de la Cour constitutionnelle pour défendre sa liberté de se présenter malgré tout, évoquant le caractère non impératif du mandat de député.

S. R., à Kinshasa

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