C’est le rendez-vous annuel consacré à la libre circulation des idées et des savoirs. Nos correspondants vous font découvrir comment la Nuit des idées se déroulera à partir de ce jeudi 28 janvier au soir à Athènes et à Abidjan. Cet événement invite chercheurs et politiques, artistes et activistes à la réflexion autour des grands enjeux de notre époque. Coordonnée par l’Institut français, cette 6e édition sous Covid se décline un peu partout dans le monde sous le thème « Proches ».
Des îles Fidji à San Francisco en passant par Beyrouth, Lomé, Hong Kong ou encore le Tadjikistan, la Nuit des idées réunit quelque 200 villes dans plus d’une centaine de pays autour d’un même thème.
« Le thème de cette année, « Proches », au pluriel, explique Erol Ok, directeur général de l’Institut français, c’est une résonnance des questions que la crise pose, mais aussi des questions qu’on se posait déjà avant : notre rapport à l’environnement, la coexistence. On a imaginé de faire dialoguer les jeunesses grecques et turques, l’exemple de la frontière mexicaine et américaine avec des sociologues de chaque pays. Et puis on a aussi des dimensions culturelles très fortes : une interview d’une des écrivaines russes les plus lues et traduites dans le monde, Ludmila Oulitskaïa, en Afrique la Camerounaise Djaïli Amadou Amal qui va parler de son engagement pour la cause des femmes dans son pays. Donc, cela commence en Océanie et se termine aux États-Unis avec Thomas Pesquet, le spationaute qui sera au Space Center, à Houston, au Texas. »
Cette 6e Nuit des idées – résolument numérique, Covid oblige – traverse pendant 24 heures tous les fuseaux horaires. Un tour du monde de la pensée, en compagnie de physiciens, féministes et philosophes, sans oublier des performances artistiques, pour se sentir plus proches.
La Nuit des idées à Athènes
La Grèce fait partie des 200 pays qui célèbrent ce soir la Nuit des idées. Ponctuée de moments de légèreté et d’humour conçus par le dessinateur de presse Jul, la Nuit des idées s’ouvre à Athènes en donnant d’abord la parole aux jeunes de Grèce et de Turquie. Deux pays voisins à l’histoire tumultueuse. Ces jeunes de 18 ans d’Athènes et d’Istanbul témoignent de leurs expériences en ces temps de confinement, mais aussi de leurs engagements et attentes.
Place ensuite aux artistes. La comédienne Irène Jacob lit des extraits de son roman Big Bang autour de la naissance et du deuil. La vie et la mort, c’est aussi ce qui nourrit le travail des artistes plasticiens Pierre et Gilles : « À la naissance, on arrive tout seul, et on s’en va tout seul. C’est ça qu’on aime bien exprimer dans notre travail, le côté unique et la fragilité de la personne. Le monde est cruel. Et on le voit bien en ce moment. »
Un moment particulier pour cette Nuit des idées sous Covid. « Restons proches », le thème de la table ronde du débat de clôture se propose de réfléchir sur les effets du confinement : repli sur soi ou nouvelles solidarités ? Autant de débats à suivre en direct sur le site de l’Institut français d’Athènes.
À Abidjan, l’Institut français délocalise la Nuit des idées dans le musée Adama Toungara d’Abobo
En Côte d’Ivoire, cette soirée, retransmise sur Facebook, marquera le début d’un cycle de débats mensuels jusqu’au mois de juin autour de la décolonisation des arts, des femmes dans les indépendances, des restitutions, ou en encore de l’avenir de la langue française.
Pour animer les débats, le conteur Binda Ngazolo aura autour de lui l’écrivain Yacouba Konaté et la présidente de la fondation Amadou Hampâté Bâ, Roukiatou Hampâté Bâ, la fille du grand homme. Seront aussi présent, mais en duplex, l’universitaire Maboula Soumahoro et l’artiste Blick Bassy.
« Aborder le thème « Proches », c’est de poser la question : quelle est l’idée qui nous mettrait en situation de réaliser à quel point nous serions proches, explique Binda Ngazolo. Et là, je parle de l’Humanité. Ceci étant – parole de conteur –, c’est le récit qui fait et le récit qui défait. Il se trouve que chaque individu est porteur de récits. Donc, l’idée de la soirée est d’écouter l’autre part du récit ».
Symboliquement, l’Institut français se délocalise pour cette Nuit des idées au Musée des cultures contemporaines Adama Toungara d’Abobo, commune populaire d’Abidjan. « Abobo souffre de préjugés, comme c’est souvent le cas. Donc, ramener cette Nuit des idées à Abobo, c’est reconnaitre – au-delà des disparités sociales et tous les problèmes que cela entraine – que nous sommes dans un espace de partage d’idées et d’humanité. »
►À lire aussi : La Nuit des idées 2021 au Collège de France, en partenariat avec RFI