Il y a deux mois, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed proclamait la fin des combats dans le Tigré. Mais les informations qui remontent de la province sont inquiétantes et les frontières sont toujours fermées à l’aide humanitaire et aux journalistes. Hier, la nouvelle administration américaine a décidé de hausser le ton.
Il s’agit d’un changement notable par rapport à l’administration Trump, qui avait reconnu le droit de l’Éthiopie à « rétablir l’ordre » dans le Tigré et salué « la retenue » de ses voisins érythréens. Le nouveau département d’État américain a fait savoir dans la nuit du 26 au 27 janvier qu’il demandait, lui, l’évacuation « immédiate » de tous les soldats érythréens présents sur le territoire éthiopien.
L’Éthiopie comme l’Érythrée continuent de nier que l’armée érythréenne mène des opérations militaires dans le Tigré depuis le début du conflit, malgré l’accumulation de preuves du contraire. Dans son communiqué, le département d’État répète que les États-Unis ont « des informations crédibles » sur les exactions des Érythréens. Il évoque enfin la situation humanitaire catastrophique dans la province.
Le rapport de force n’est plus en faveur de l’Éthiopie
L’Agence de coordination humanitaire de l’ONU fait d’ailleurs écho à cette inquiétude. Dans son briefing le 26 janvier, OCHA s’alarme « de la faim et de la malnutrition » des populations tigréennes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle, elle, du risque important d’épidémies, alors que 70% des hôpitaux du Tigré sont, selon l’OMS, « dysfonctionnels ».
Les États-Unis ne sont pas le seuls à faire monter la pression. L’Union européenne entend elle aussi hausser le ton. Le chef de la diplomatie européenne, accompagné du ministre finlandais des Affaires étrangères, sont annoncés à Addis-Abeba le 6 février, en même temps que le sommet de l’Union africaine.
Enfin, l’Égypte, grand rival régional de l’Éthiopie, et le Soudan, son voisin avec qui l’Éthiopie s’affronte sur un territoire disputé, multiplient les signes d’amitié ces derniers temps. Le rapport de force diplomatique, hier plutôt en faveur du droit d’Addis-Abeba à « rétablir l’ordre » dans le Tigré, est clairement en train de changer.