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Éthiopie: Timkat comme affirmation de l’identité ethnique Amhara (2/2)

En Éthiopie, la vie s’arrête le temps d’une journée, pour les célébrations de Timkat, la grande fête orthodoxe qui avait lieu ce mardi. Les Éthiopiens célèbrent le baptême de Jésus et l’Épiphanie en se rebaptisant eux-mêmes chaque année. Une tradition qui se déroule dans tout le pays mais qui est particulièrement suivie à Gondar, l’ancienne capitale impériale éthiopienne. Gondar, dans le Nord du pays, a également servi de base arrière pour l’armée éthiopienne au début de la guerre qui l’oppose au parti dissident de la province du Tigré, le TPLF. Ici, à Gondar, certains ont participé au conflit et savourent une vengeance personnelle contre les autorités du Tigré.

Dansant au milieu de la foule, son arme à la main, Tesfahun Mande ne passe pas inaperçu. Ce milicien qui a combattu au Tigré, célèbre la fête de Timkat à double titre cette année. « Nous avons pris les armes avec force et courage. C’est une guerre juste que nous avons menée. Pour rétablir une injustice. J’y étais au tout début quand ça a commencé. Les Tigréens savaient que les terres ne leurs appartenaient pas, alors ils ont fui », estime-t-il.

En effet, la région Amhara, grâce à ses miliciens, a pu conquérir une partie du territoire tigréen qu’elle revendiquait depuis trente ans, le Wolkait, dont Tesfahun est originaire : « pour nous, le peuple du Wolkait c’est une renaissance ! »

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À coté de lui, Azano Baha qui fend la foule sur son cheval. À la main, il porte un drapeau historique de l’Empire éthiopien, en signe de protestation face au drapeau de la république actuelle. « Le drapeau actuel de l’Éthiopie avec l’étoile appartient à l’ancien Premier ministre Melès Zenawi et à la junte du TPLF, affirme-t-il. Le vrai drapeau c’est celui là, sans l’étoile. On n’a plus besoin du drapeau de la junte aujourd’hui. C’est fini ! Cette année, on savoure particulièrement Timkat. On est tous heureux car même si beaucoup de soldats ont perdu la vie pendant la guerre, nous avons battu la junte et imposé la paix. »

Des célébrations à 100 km des combats

Les drapeaux de l’Empire flottent partout. Symbole de la domination de l’ethnie Amhara à l’époque. Tout comme les portraits des anciens Empereurs Tewodros et Menelik. Un jeune homme nommé lui aussi Tewodros salue leur grandeur : « Oui je veux être comme Tewodros. Car c’est lui l’empereur qui a réussi à unifier l’Éthiopie en une seule patrie. Je préfère même l’empereur Tewodros au Premier ministre Abiy Ahmed. »

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Une délégation érythréenne est également invitée aux festivités. Accusée d’intervenir militairement au Tigré, l’Érythrée est ici bien accueillie. Yelekal porte un drapeau du pays. « On a la même histoire, on est de la même famille, explique-t-il. Les Éthiopiens sont Érythréens et inversement, nous sommes des frères et nous vivons ensemble. Ici, il y a des Éthiopiens indépendants et des Érythréens indépendants. La junte du TPLF ne nous divisera plus ! Il est temps que nous vivions ensemble et libres en Éthiopie et en Érythrée. »

Alors qu’à Gondar on fête Timkat, dans la province du Tigré, situé à une centaine de kilomètres au Nord, les combats continuent entre le TPLF et les armées éthiopiennes et érythréennes. La région est dévastée. Quatre millions et demi d’individus sont en besoin d’assistance humanitaire.

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