L’ONG The Sentry, fondée par l’acteur et activiste Georges Clooney, s’intéresse aux activités d’hommes d’affaires nord-coréens en République démocratique du Congo et aux contournements des sanctions internationales en vigueur contre Pyongyang. Leur nouveau rapport s’intitule l’art et l’artifice. Que révèle-t-il ?
En août dernier, The Sentry avait déjà révélé que deux hommes d’affaires nord-coréens avaient réussi à créer en 2018 en RDC une société, Congo Aconde, et même à ouvrir des comptes en dollars chez Afriland First Bank CD, la filiale de la banque camerounaise. Selon l’ONG, cela constituait une violation des sanctions américaines qui interdisent de fournir des services bancaires en dollars à des entreprises contrôlées par des Nord-Coréens, mais aussi de l’Union européenne et de l’ONU qui interdit la construction de statues nord-coréennes à ses États-membres.
Or dans son dernier rapport, The Sentry détaille les activités de ces deux hommes d’affaires, déjà repérés dans le Haut-Lomami, mais qui auraient des projets au Haut-Katanga et dans le Lualaba : il est bien question de construction de statues. Par exemple, en 2018, la ville de Kolwezi a consacré 102 000 dollars à son embellissement. Or, toujours selon The Sentry, la liste des projets cités dans le budget correspond à ceux effectués par Congo Aconde avec entre autres l’aménagement de places avec des statues mais aussi des chutes d’eau artificielles.
Cette société serait affiliée au gouvernement nord-coréen via Korea Paekho Trading Corporation, une société d’État dont on ne sait que peu de choses. Sauf qu’elle opère déjà en Guinée équatoriale, au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Mali et sans doute au Nigeria et au Cameroun. Cette société d’État nord-coréenne et Congo Aconde ont presque les mêmes logos et mènent le même type d’activités.
Autre indice des liens avec Pyongyang selon The Sentry, les employés nord-coréens de Congo Aconde voyageaient avec des types de passeports habituellement remis à des personnes en mission officielle pour le gouvernement nord-coréen.
Interrogé par RFI, le gouvernorat du Lualaba a promis de communiquer ce mardi sur cette affaire. La maire de Kolwezi n’a pas encore donné suite à nos questions.
Pour John Dell’Osso, l’auteur de ce rapport, il est temps que les institutions qui ont pris ces sanctions assistent les autorités congolaises pour mettre fin à ces pratiques.
John Dell’Osso