Le syndicat des paramédicaux dénonce à nouveau le non-paiement des indemnités de réquisition liées à la pandémie de Covid-19. Vendredi 15 janvier, lors d’une conférence de presse, ils ont réclamé, entre autres, le paiement de ces indemnités et dénoncé aussi des intimidations à l’endroit de leur syndicat.
Avec notre correspondante à Antananarivo
Pendant un peu plus de sept mois, au plus fort de l’épidémie, ils ont été requis par l’État pour lutter contre le virus. Une indemnité comprise entre 30 000 et 36 000 ariary par jour, soit 7 à 8 euros, était prévue. Mais pour l’heure, infirmiers, sages-femmes ou encore techniciens de laboratoire, indiquent n’avoir rien reçu.
Ils avaient prévu de tenir une assemblée générale dans un restaurant du centre de la capitale. Une réunion interdite par la préfecture indique le président du syndicat des paramédicaux, tenant dans ses mains une lettre du préfet d’Antananarivo. « Une intimidation », estime-t-il.
Alors que le nombre de cas de coronavirus a quadruplé en l’espace d’une semaine, les paramédicaux se disent prêts mais ils n’abandonneront pas leurs revendications pour autant explique Jerisoa Ralibera le président du syndicat, se réfère à la loi relative aux réquisitions de personnes.
« S’il y aura une nouvelle réquisition, bien sûr que nous allons y aller mais nous revendiquons en même temps nos droits puisque c’est la même loi qui le stipule. Donc c’est une obligation pour nous d’exécuter la tâche et nous réclamons que c’est une obligation pour l’Etat de payer nos droits (NDLR : indemnités). Quelques uns d’entre nous ont pu bénéficier de primes venant de la présidence et de l’OMS qui nous a donné 97 200 ariary (22 euros). Pour nous les primes ce n’est pas un droit, ce n’est qu’une faveur mais le droit, pour nous, c’est l’indemnité de réquisition. Le ministère de la Santé refuse de nous recevoir. Donc on ne peut pas arriver à un consensus sur ce point là. Le moral des paramédicaux en ce moment, s’ils ont peut noter cet état d’esprit sur une échelle, il est en dessous de zéro vues toutes les démotivations que nous avons subies l’année dernière. »
Pour cette membre du personnel paramédical réquisitionnée qui souhaite rester anonyme, ces indemnités non payées témoignent d’un manque de considération des autorités envers ceux qui sont en première ligne dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 et qui ont fait le serment de soigner la population. « On se sent un peu découragés et humiliés. On doit assister nos compatriotes. On est sermentés. Mais l’Etat, en connaissance de cause que l’on est sermentés, nous exploite complètement. On est très fatigués. »
Des agents de santé d’autant plus démoralisés au vu des conditions de travail difficiles. Cette membre du personnel a été contaminée au Covid-19. « Nous sommes contaminés et nous n’avons que trois ou quatre jours de repos et puis on revenait au travail à cause du manque de personnels. On s’est organisé entre nous. J’ai pris un peu de repos pendant quatre ou cinq jours et je revenais après. On nous a interdit d’aller au CMC (NDLR : Centre Médical Covid-19) au village Voara, pour faire les dépistages donc on s’est organisés entre nous pour le traitement et tout. Comme je suis technicienne, j’ai pu faire le test mais pas officiellement. »
Le syndicat envisage une grève si les autorités ne donnent pas satisfaction à ses demandes (de paiement des indemnités de réquisition,) fait-il savoir.