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«En Afrique, My French Film Festival est entièrement gratuit»

Le plus grand festival francophone de cinéma en ligne s’ouvre ce vendredi 15 janvier sur MyFrenchFilmFestival.com et 60 plateformes partenaires dans le monde. La 11e édition espère de surpasser le succès phénoménal de l’année dernière : douze millions de visionnages dans 200 territoires. Entretien avec Quentin Deleau, le responsable du développement numérique d’Unifrance.

My French Film Festival, c’est la marque unique d’Unifrance, l’agence pour la promotion du cinéma français à l’étranger, pour promouvoir le septième art sous forme d’un festival en ligne dans le monde entier. Et en ligne, le cinéma français ne connaît pas de crise. Pendant que les salles de cinéma restent fermées un peu partout dans le monde, l’édition 2021 du My French Film Festival propose aux cinéphiles dix courts et dix longs métrages en compétition, dont Adolescentes de Sébastien Lifshitz, Tu mérites un amour de Hafsia Herzi ou Les héros ne meurent jamais d’Aude Léa Rapin avec Adèle Haenel. Et il y aura aussi des films en réalité virtuelle, par exemple Expérience 1.4.9 de François Vautier. La location des films commence à partir de 1,99 euro, mais en Afrique, tous les 30 films seront gratuitement proposés pendant un mois, comme en Russie, Pologne, Roumanie et Corée du Sud.

RFI : En dix ans, MyFrenchFilmFestival est devenu le plus grand festival francophone de cinéma en ligne dans le monde. Beaucoup de films programmés sont plus vus chez vous que dans les salles de cinéma. Comment expliquez-vous ce succès fulgurant ?

Quentin Deleau : Le succès du festival est dû principalement à deux choses. D’un côté la diversité de l’offre des films proposés aux internautes dans le monde entier, parce qu’on est sur le meilleur du jeune cinéma francophone, et cela dans une diversité de genres : des comédies, des fictions, des thrillers, des films d’animation, des documentaires… De l’autre côté, le fait que les films soient disponibles pas seulement sur la plateforme du festival, mais aussi sur plus de 60 plateformes partenaires dans le monde : des plateformes mondiales, locales… Ainsi, nous multiplions les points d’accès au festival et on touche le plus grand public possible.

Que représente pour un film de gagner le prix de la compétition du MyFrenchFilmFestival ?

Le festival décerne cinq prix, dont le prix du public, du meilleur court métrage, de la presse internationale et le Grand prix du jury international pour le meilleur long métrage, doté de 15 000 euros. Cela permet de préparer le film suivant.

Beaucoup de jeunes réalisateurs ont présenté leur premier ou leur deuxième film à MyFrenchFilmFestival et ont eu depuis de très beaux succès en salles. Et c’est tout ce qu’on souhaite. C’est un festival en ligne, mais on n’est pas en concurrence avec la salle. On propose le meilleur du jeune cinéma francophone à des gens qui n’ont pas forcément accès à ce type de cinéma ou même à des salles de cinéma. Donc, c’est une chance de travailler avec des jeunes réalisateurs prêts à montrer leurs films sur des petits écrans, même si rien ne remplace la salle, de manière que plus tard, leur film puisse potentiellement sortir dans encore plus de salles à l’international.

MyFrenchFilmFestival n’a pas de tapis rouge, ni de défilé de stars internationales, ni de premières mondiales, et pourtant, avec douze millions de visionnages lors de l’édition 2020, on pourrait dire que vous faites presque autant pour le rayonnement du cinéma français dans le monde que le Festival de Cannes.

[Rires] Non, on ne fera jamais autant que le Festival de Cannes. Mais, ce festival permet de donner accès à ce type de cinéma à des gens qui, normalement, ne voient pas forcément ce type de films. C’est ce qui permet un peu de démocratiser l’accès au cinéma français et francophone, parce qu’on montre aussi des films belges, suisses et canadiens.

Une partie du festival est gratuite partout, dans certaines zones du monde tous les longs métrages sont également gratuits, par exemple sur le continent africain. Combien de cinéphiles africains pourront visionner gratuitement vos films ?

En Afrique, le festival est entièrement gratuit dans tous les pays africains à partir de l’accès MyFrenchFilmFestival.com. L’année dernière, parmi les douze millions de vues générées, il y en avait 500 000 générées en Afrique. Et il y en a aussi des accès sur les plateformes partenaires, notamment TV5Mondeplus dans toute l’Afrique et Orange en Côte d’Ivoire. Tous les films de notre sélection sont sous-titrés en dix langues, ce qui est intéressant pour les pays lusophones, anglophones, etc.

Votre public en Afrique, comment a-t-il évolué ces dernières années ?

Le nombre de visionnages a augmenté ces dernières années. Et, plus que dans les autres zones du monde, il y en a eu beaucoup de visionnages sur téléphones portables. La majorité des visionnages se fait dans les pays francophones particulièrement attachés à la langue française, comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, mais aussi les pays du Maghreb. Tous les films de la sélection sont en langue française et sous-titrés en dix langues (l’espagnol, le portugais, l’anglais, l’italien, l’allemand, le russe, le japonais…).

Depuis sa création, le festival a toujours accompagné en ligne le succès du cinéma français en salle. Avec la fermeture des salles suites au coronavirus, craignez-vous que My French Film Festival sera de plus en plus considéré comme un concurrent des salles de cinéma ?

On ne veut vraiment pas être considéré comme un concurrent des salles. My French Film Festival est organisé par Unifrance, l’organisme de promotion du cinéma français à l’international qui, depuis 70 ans, aide les films à sortir en salles. Et nous, cela fait dix ans qu’on aide les films à sortir aussi sur les plateformes, mais pas en concurrence aux salles. Cette année, certains films sont bloqués dans certains pays, parce qu’ils vont bientôt sortir en salle. On ne court-circuite pas les salles. Mais la plupart des films vont être inédits dans certains pays, parce qu’ils n’ont pas été vendus dans ces pays et ils ne vont pas y sortir, même après la réouverture des salles. Donc on permet au public dans ces pays de découvrir ces films. Et on montre ces films en respect total de la chronologie des médias des différentes réglementations sur place.

Quand on voit aujourd’hui l’incroyable augmentation des fréquentations des plateformes, le succès inespéré de Disney+, la décision du studio hollywoodien Warner de sortir ses dix-sept films de 2021 simultanément en salle et sur sa plateforme HBO Max, l’annonce de Netflix de sortir cette année 70 films, le principe de la chronologie des médias est partout sous pression ou déjà devenu obsolète. Le cinéma est-il en train d’échapper aux salles ?

Je ne l’espère vraiment pas. Il est vrai, la décision de certains majors de passer directement en numérique… j’espère que c’est uniquement lié à la situation actuelle et que cela ne changera pas définitivement le paysage des salles. Heureusement, en France, on n’est pas encore là, mais la situation est préoccupante et il faut soutenir les salles. Et c’est ce qu’on fait avec nos partenaires, les salles, les distributeurs français, etc. Un festival en ligne, comme My French Film Festival, n’a pas du tout comme objectif de diminuer la force de la salle.

En 2020, avant la pandémie du coronavirus, vous avez enregistré 12 millions « entrées ». Quelles sont vos ambitions pour 2021 ?

Ce qu’on souhaite, c’est de trouver de nombreuses nouvelles plateformes partenaires à l’international. Et cette mission, on est en train de la réaliser. Nous avons déjà beaucoup nouvelles plateformes partenaires en Asie du Sud-Est, en Indonésie, au Canada, en Afrique, au Brésil, en Europe, au Japon… Le succès du festival est également le succès de nos plateformes partenaires, parce que – au-delà du succès de My French Film Festival sur ces plateformes-là -, nous souhaitons faire comprendre à ces plateformes que le cinéma français et francophone a énormément de valeur pour que tout au long de l’année, ils continuent à acheter et diffuser des films français. C’est cela qui sera notre succès, en plus des millions de visionnages que l’on va faire cette année.

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