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Mali: l’assurance agricole commence à séduire les paysans

Depuis une dizaine d’années, les assurances agricoles dites indicielles se développent en Afrique, pour le plus grand bénéfice des paysans. Au Mali, une jeune société, OKO, entame sa deuxième campagne d’assurance avec un modèle entièrement basé sur le numérique : images satellites et paiement mobile.

Dramane Traoré est producteur de maïs dans la région de Koulikoro. Il est aussi secrétaire général de Bemba, une coopérative de 500 agriculteurs. L’an dernier, 180 d’entre eux ont testé, pour la première fois de leur existence, l’assurance agricole : « L’an passé, j’ai assuré un hectare, mais cette année, je vais aller jusqu’à deux. »

Dramane Traoré a souscrit une assurance contre la sécheresse et les inondations, auprès de l’assureur OKO, nouveau venu sur le marché. Bien lui en a pris, car quelques mois plus tard, une partie de sa récolte a été détruite par les graves inondations qui ont frappé le Sahel en 2020 : « Après l’hivernage, OKO a appelé tous ses membres (ses assurés, ndlr). Moi-même j’ai reçu 55 000 francs CFA pour mon hectare. Et quand l’écho s’est répandu dans la zone, les gens ont commencé à adhérer à l’idée d’assurer leurs champs. »

Depuis l’an dernier, OKO, jeune start-up franco-malienne, propose donc dans cinq régions du Mali une assurance agricole aux producteurs de maïs. Elle coûte 10 euros l’hectare, et garantit en cas de sinistre des remboursements pouvant aller jusqu’à 300 euros l’hectare.

OKO est ce que l’on appelle un assureur indiciel, c’est-à-dire que l’évaluation des conditions climatiques se fait par image satellite, ce qui diminue considérablement les coûts. « Si par exemple, nous observons que sur la période de germination, il y a eu moins de 90 mm de pluie cumulée, on sait que la germination ne va pas avoir fonctionné et que les agriculteurs vont avoir besoin d’être compensés. Donc, c’est sur la base de cette information obtenue par satellite que nous déclenchons le sinistre », explique Simon Schwall, directeur général d’OKO.

Ce n’est donc pas l’assuré qui déclare un sinistre, mais l’assureur qui intervient directement sur la base de ses données satellitaires, ce qui peut laisser place à de possibles contestations, reconnaît Simon Schwall : « Ce que l’on fait, c’est que l’on explique très clairement que les sinistres vont être évalués au niveau d’une commune, et que tous les agriculteurs de la commune recevront la même compensation. Et que les observations sur leur champ spécifiquement ne sont pas possibles. Une fois que ces limites sont bien comprises par les agriculteurs, nous réduisons largement le risque de contestation. »

Après les producteurs de maïs, OKO propose cette année des assurances aux producteurs de mil, sorgho et sésame. Il étudie aussi la possibilité d’étendre la gamme de sinistres aux dégâts causés par les criquets.

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