En République démocratique du Congo (RDC), les autorités restent silencieuses plus de 48 heures après la libération de deux condamnés pour détournement des fonds publics dans le cadre du programme dit « des cent jours » du président Félix Tshisekedi. Les ONG de défense des droits de l’homme ont dénoncé une fraude dans l’application de l’ordonnance présidentielle de fin d’année qui a également profité à une vingtaine de condamnés du procès sur l’assassinat en 2001 de l’ex- président Laurent-Désiré Kabila.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Qui a permis la libération des directeurs généraux Benjamin Wenga et Modeste Makabuza de la Société congolaise de construction ? Le 10 janvier au soir, le ministre de la Justice, Bernard Takahishe Ngumbi, joint par RFI, n’avait toujours pas d’explications à fournir sur ce que les ONG considèrent comme un scandale. Silence également du côté de la présidence de la République. Plusieurs caciques du parti présidentiel, l’UDPS, estiment néanmoins que les actes ayant matérialisé cette libération sont frauduleux.
Les deux hommes sont libres de tout mouvement dans la capitale après neuf mois de détention. Ils étaient condamnés à deux ans et demi et cinq ans de travaux forcés. Les activistes sont d’autant plus dubitatifs puisque l’ordonnance exclue toute grâce présidentielle pour « détournement de deniers publics » et les noms des deux condamnés ne figure pas sur la liste des graciés.
Le troisième condamné dans le cadre de la même affaire dite « des cent jours », Fulgence Bamaros, patron du Fonds national d’entretien routier (FONER) a écopé de cinq ans de prison en dernière instance. Ses avocats s’étonnent et parlent d’une « injustice ». Il est resté en détention mais le 28 décembre dernier, il sollicitait une grâce présidentielle pour des « raisons médicales avérées » selon les documents que nous avons consultés. Ses avocats martèlent qu’il est hospitalisé et placé sous respirateur dans un hôpital privé depuis plusieurs jours.
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