Le 17 janvier 1961, le Premier ministre déchu du Congo, Patrice Lumumba, était assassiné dans une forêt de la province sécessionniste du Katanga. Soixante ans après, RFI revient dans une série inédite en cinq épisodes sur l’homme, le mythe, l’histoire.
Pour ce premier volet, nous sommes accueillis en terre congolaise par Juliana Lumumba, l’unique fille de Patrice. Elle reçoit dans la maison familiale acquise par son père. Sous le regard de « Papa Patrice » et « Maman Pauline » dont les portraits habitent les murs, elle dévoile son album personnel, comme autant de preuves de son incroyable histoire. Exfiltrée au Caire avec ses frères par la volonté du président Nasser en octobre 1960, elle raconte entre rires et larmes une enfance intense, entre violence extrême et amour infini.
Présenté comme une promesse d’égalité, le statut d’évolué est dénoncé dans la revue La Voix du Congolais, l’une des nombreuses lectures de Patrice Lumumba. Et en 1956, les évolués rejettent l’idée d’une communauté belgo-congolaise dans le manifeste « Conscience Africaine ». Ils ont mieux à faire en reconsidérant leur situation à l’aune de leur propre culture. Autodidacte, Patrice Lumumba n’a pas été formé par l’Église catholique comme les autres leaders politiques mais chez les protestants. Il a voyagé depuis son Sankuru natal jusqu’à la ville cosmopolite de Stanleyville [Kisangani], puis à Léopoldville [Kinshasa], où il s’investit dans de multiples associations, une première école politique. Son goût pour la lecture est insatiable, Voltaire et Rousseau sont dans sa bibliothèque, ainsi que Martin Luther King ou Gandhi et la déclaration universelle des droits de l’homme sa grande référence. Mais nulle trace de Marx ou Lénine. Juliana aime citer l’unique poème retrouvé de Patrice : « Et pour te faire oublier que tu étais un homme on te fait chanter les louanges de Dieu. » Et d’ajouter en citant Lumumba : « L’Église nous apprend à aimer notre prochain, mais pourquoi tant d’injustices, pourquoi n’avons-nous pas le même statut que les Belges ? Il posait ce genre de question pendant la colonisation, ça ne devait pas plaire, évidemment. »
Juliana feuillette son album de famille. Papa Patrice, premier Premier ministre du Congo indépendant, panafricaniste, démocratiquement élu. Le sourire éclatant d’une petite fille de 5 ans au ruban blanc qui désigne son père sur une coupure de presse. Les visages réconfortants de Maman Pauline et Maman Zizi (sa mère adoptive égyptienne). Et puis la fratrie devenue adulte, enfin au pays après 35 ans d’exil. Que s’est-il passé ?
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