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Centrafrique: l’insécurité interroge sur la suite du processus électoral

Les résultats provisoires des élections législatives donne 21 députés sur 140 élus au premier tour. Dans 61 circonscriptions il faudra un deuxième tour. Cependant l’insécurité a empêché de nombreux Centrafricains, posant des questions sur la suite du processus.

Avec notre correspondante à Bangui, Charlotte Cosset

A l’issue de ce scrutin, 58 circonscriptions n’ont pas pu voter à cause de l’insécurité. La question d’une tenue prochaine d’un scrutin dans ces zones est soulevée par certains observateurs.

Jean-Symphorien Mapenzi, le vice-président de l’Assemblée nationale, se veut optimiste sur les délais à tenir. « Au niveau de l’Assemblée, il n’y a pas d’inquiétude. Du moment que notre mandat court jusqu’au 2 mai, donc on attend que le deuxième tour se fasse et les circonscriptions qui n’ont pas pu voter fassent leurs élections avant de voir. »

Pour que l’Assemblée nationale puisse être investie, il faut atteindre le seuil minimum de 2/3 de députés. Si ce n’était pas le cas avant la fin de la législature début mai, la Cour constitutionnelle serait saisie pour avis.

Malgré les difficultés rencontrées lors du vote, Jean-Symphorien Mapenzi élu de la majorité estime qu’il est important de consolider le processus. « Malheureusement, des gens se sont organisés pour empêcher que ces élections se tiennent. Si on ne tient pas ces élections, c’est un recul démocratique, il faut consolider ces acquis démocratiques donc normalement il faut tenir compte de ces résultats quoiqu’il y ait un nombre faible d’électeurs qui se sont exprimés. »

Et pour les circonscriptions qui n’ont pas ou peu voté, la Cour constitutionnelle devra décider des suites à donner.

Premiers enseignements

Même s’il va donc falloir un deuxième tour dans 61 circonscriptions, déjà une tendance ressort de ces résultats : le nombre de poids lourds de la politique centrafricaine qui ont été éliminés dès le premier tour.

C’est le cas par exemple de l’ex-présidente Catherine Samba-Panza qui a été battu à Bangui par candidat indépendant, nouveau dans la politique. Ou bien l’ex-ministre Désiré Kolingba, battu également par un jeune indépendant dans la circonscription de Kembé.

C’est une marque de la lassitude des Centrafricains envers leur classe politique, analyse Gervais Lakosso, coordonnateur du groupe de travail de la société civile. « Il y a une grande crise de confiance entre les Centrafricains et toute la classe politique. Ils estiment que les politiques de tous bords ne jouent pas leur rôle, qu’ils ne sont pas sincères, engagés ou assez créatifs pour résoudre les problèmes du pays. On pense que chaque parti a une part de responsabilité et c’est pour ça que le peuple a plus confiance en des candidats indépendants sans casquette. Ils estiment que ceux-là pourront mieux les représenter. »

Gervais Lakosso estime aussi que cette lassitude provient d’une classe qui a du mal à laisser la place à de nouvelles figures. « Il y a le facteur du vieillissement et du non renouvellement de la classe politique. Quand vous prenez Touadéra, il n’est pas si veux que ça mais autour de lui il y a des gens qui ont traversé plus de quatre régimes déjà. On prend les mêmes, on recommence. »

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