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Élections en Centrafrique: la légitimité du scrutin, perturbé en province, divise à Bangui

1,8 millions électeurs étaient appelés à voter, dimanche 27 décembre, pour la présidentielle et les législatives. Mais dans un contexte de regain de tension, avec la menace que faisaient planer les groupes armés sur le scrutin, beaucoup de Centrafricains vivant en dehors de la capitale n’ont pas pu voter. Au lendemain du scrutin, comment réagit-on à ce deux poids deux mesures dans la capitale ?

Avec notre envoyée spéciale à Bangui, Florence Morice

À cheval sur une porte en bois dont il change la serrure, dans le quartier de Boy-Rabe à Bangui, Armel est fier d’avoir voté dimanche : « C’est quelque chose de bon. C’est la démocratie qui progresse dans notre pays. Ce n’est pas avec les armes qu’on peut prendre un pays, c’est par les urnes. »

Dans l’échoppe d’à côté, Cynthia vend des légumes, assise sur un tabouret. Elle se dit partagée. Elle est contente d’avoir pu voter, mais inquiète des nouvelles reçues de sa famille en province, à Bossemptele : « Ils m’ont dit qu’il n’y avait même pas d’urnes là-bas. Tout était fermé. Et de toute façon, ils auraient trop peur d’aller voter à cause de l’insécurité. »

Certains appellent à revoter

29 sous-préfectures de Centrafrique n’ont pas du tout voté dimanche. Et cela révolte Véronique : « C’est injuste. Comment le gouvernement peut accepter une élection dont la moitié des gens sont exclus ? Ils nous ont dit qu’ils assuraient la sécurité, mais ils nous ont menti. »

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Certains disent leur colère, d’autres leur inquiétude, qui porte aussi sur les possibles conséquences de ce vote tronqué. Symphorien a boudé le scrutin : « Moi, j’irai voter si tout le monde peut voter. Il faut organiser un dialogue et refaire l’élection. Sinon, ce sera encore la crise dans le pays. On n’en veut plus. Il faut revoter. Nous, on veut la paix. »

Que décideront les autorités ? Le vote pourrait-il être, en partie au moins, réorganisé ? C’est à la Cour constitutionnelle de trancher. Les résultats provisoires du vote de 27 décembre sont attendus le 4 janvier.

« Ce que nous avons vécu le 27 décembre, ce ne sont pas des élections. C’est une véritable escroquerie politique. »

Martin Ziguélé, ex-Premier ministre et candidat à la présidence de la république de Centrafrique

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