L’Égypte joue-t-elle une nouvelle partition en Libye ? En tout cas, Le Caire – soutien du maréchal Haftar, ces dernières années – rééquilibre, depuis plusieurs mois, ses positions et échange de plus en plus avec le GNA, le gouvernement de Tripoli. Une délégation égyptienne s’y est d’ailleurs rendue, dimanche 27 décembre, pour des tractations, une première depuis 2014 qui illustre la priorité donnée par l’Égypte à la diplomatie.
Consolidation du cessez-le-feu ; coopération sécuritaire, en particulier dans le domaine maritime ; réouverture prochaine des liaisons aériennes entre Le Caire et Tripoli et peut-être bientôt de l’ambassade égyptienne, fermée depuis six ans… Les sujets de discussion étaient nombreux dimanche, notamment entre le vice-directeur des renseignements égyptien et le ministre libyen de l’Intérieur et son chef de la Sûreté générale.
Les échanges se sont poursuivis, ce lundi 28 décembre, au cours d’un échange téléphonique entre le chef de la diplomatie égyptienne et son homologue du GNA.
Une tendance à la normalisation
Après plusieurs mois d’accalmie militaire, la tendance est donc à la normalisation avec les autorités de Tripoli, en parallèle aux tractations inter-libyennes toujours en cours, sous l’égide de l’ONU.
Il s’agit là d’un rapprochement de fond malgré l’échange d’invectives, ce week-end, entre Khalifa Haftar et le ministre turc de la Défense, lui aussi de passage en Libye, samedi, à la veille de la délégation égyptienne.
La Turquie a solidifié son implantation militaire, ces derniers mois, en Libye. Le ministre turc des Affaires étrangères affirme, dans Jeune Afrique, qu’Ankara a « sauvé la Libye du chaos ». Le parlement turc vient, quant à lui, de prolonger de 18 mois le déploiement de ses hommes dans le pays.
Que penser de cette visite égyptienne à Tripoli ?
Y a-t-il un réel changement de stratégie de la part du Caire dans le dossier libyen ? Joint par RFI, Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut suisse Initiative Globale, estime plutôt que l’Égypte, souvent mis en avant par les Émirats arabes unis comme soutien du maréchal Haftar, retrouve en réalité une voie plus favorable à ses intérêts propres à savoir, la voie de la diplomatie. Des discussions par conséquent, d’abord avec Tripoli, en attendant bientôt des discussions directes avec la Turquie.
Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut suisse Initiative Globale