Après la bataille pour l’obtention du récépissé d’existence légale, l’opposition béninoise, et surtout le parti Les Démocrates de l’ancien chef d’État Boni Yayi, ouvrent la polémique sur les conditions de l’organisation de l’élection présidentielle du 11 avril 2021. Ils exigent l’audit du fichier électoral et l’application immédiate des décisions rendues par la Cour africaine des droits de l’Homme, qui demande au gouvernement d’annuler plusieurs réformes politiques. C’est dans ce climat que le président béninois, Patrice Talon, délivre son discours sur l’État de la Nation ce mardi 29 décembre à Porto Novo.
Avec notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan
C’est juste après la reconnaissance officielle de son parti que l’ancien président, Thomas Boni Yayi, a ouvert les hostilités en réclamant devant ses militants du parti Les Démocrates un scrutin présidentiel « inclusif, apaisé et transparent ».
Dimanche, Éric Houndete, un de ses lieutenants, lit une déclaration devant la presse. Et on découvre que la transparence, dont parlait Boni Yayi, concernait en fait la liste électorale de la présidentielle de 2021 : une liste électorale « pas fiable » et qui mérite un « audit indépendant », selon lui. Éric Houndete justifie sa requête par le fait que l’instance qui pilote la liste ne compte aucun membre de l’opposition.
« Ça fait rigoler », réplique le président de la Commission des lois de la majorité, Orden Alladatin. Il rappelle que la liste électorale permanente informatisée (Lépi) a été mise en place par Boni Yayi pour dix ans. « Nous n’y avons pas touché », se défend-il.
Ce mardi 29 décembre, la Commission électorale va présenter le fichier électoral aux institutions impliquées dans l’organisation du vote. L’opposition a formulé d’autres exigences, comme le retour des exilés et la tenue d’assises nationales. Ce mardi, Patrice Talon s’adresse à la Nation depuis le Parlement, à Porto Novo. C’est une tradition, et personne ne sait s’il répondra à l’opposition à cette occasion.
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