Une délégation éthiopienne s’est rendue au Soudan pour tenter de désamorcer la crise qui couve à la frontière entre les deux pays. Les discussions qui se sont tenues hier à Khartoum visent à établir une nouvelle démarcation de la frontière dans les mois qui viennent
avec notre correspondant à Khartoum, Eliott Brachet
A son arrivée à Khartoum, le ministre des Affaires étrangères éthiopien, Demeke Mekonnen, a qualifié d’entrée de jeu l’attitude du Soudan de « non amicale ». « Depuis le 9 novembre, nous observons le pillage des produits d’agriculteurs éthiopiens, leurs camps sont vandalisés et leurs récoltes entravées », a-t-il déclaré.
Côté soudanais, on affirme tout le contraire. Les officiels ont rappelé que le 15 décembre, une patrouille de l’armée était tombée dans une embuscade tendue par des miliciens éthiopiens, faisant 4 morts et une douzaine de blessés.
Mais malgré ces déclarations totalement opposées, les émissaires soudanais et éthiopiens ont assuré vouloir trouver un terrain d’entente pour résoudre pacifiquement ce conflit frontalier. A l’ordre du jour également, la lutte contre les activités illégales dans la région et la sécurité des habitants qui peuplent la zone.
Le triangle d’el-Fashaga au coeur de la dispute
Les premiers ministres éthiopiens et soudanais, qui s’étaient déjà rencontrés dimanche en marge du sommet de l’IGAD à Djibouti, avaient déclaré vouloir ramener le calme dans le territoire frontalier d’el-Fashaga où l’armée soudanaise mène depuis quelques semaines une offensive contre des milices éthiopiennes. Le triangle d’el-Fashaga est au cœur d’une dispute historique entre le Soudan et l’Éthiopie : avec ses 250 kilomètres carrés de terres cultivables, il représente un enjeu économique et alimentaire crucial pour les populations locales.
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A l’issue de la réunion ce mercredi, les deux parties se sont félicitées de leurs relations « amicales et fraternelles ». Elles ont convenu d’un prochain rendez-vous à Addis Abeba et ont annoncé qu’une mission de terrain sera dépêchée à une date ultérieure pour délimiter la frontière entre les deux pays.
Mais sur le terrain justement, la situation semble tout sauf cordiale. Lundi, les combats se poursuivaient encore dans la zone de Salamber, selon plusieurs habitants de la région. Une équipe de Médecins sans frontières a également affirmé avoir entendu des explosions à quelques kilomètres au sud de la rivière Setit.