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RDC: les artisans tailleurs de pierre de malachite risquent de disparaître

En République démocratique du Congo, la ville de Lubumbashi appelé ville cuprifère en RDC est aussi réputée pour ses œuvres d’art, d’ornement et des bijoux en malachite. Cette pierre de couleur verte est un dérivé de cuivre. La ville compte une dizaine d’ateliers artisanaux qui offrent de l’emploi à une centaine de personnes. Mais seulement voilà, depuis la libéralisation du secteur minier en 2002 en RDC, la malachite se fait de plus en plus rare sur le marché local.

Les industrielles qui exploitent le cuivre, emportent aussi la malachite. Aujourd’hui, ces artisans de la malachite ne sont approvisionnés que par petite quantité que par des creuseurs artisanaux. Ils craignent pour leur avenir.

Nous sommes à l’atelier central de traitement artisanal de la malachite dans la commue Ruashi de Lubumbashi. Sur la dizaine d’artisans, seuls cinq taillent la malachite. Les autres se tournent les pouces par manque de matière première.

« Nous les artisans, nous sommes morts. Nous n’avons plus de matière première, la malachite est devenue rare. C’est un sérieux problème, c’est pourquoi vous nous trouvez assis là à ne rien faire. Mon collègue qui est juste là avait une commande d’œuvre d’ornement. Il n’a pas de matière brute. »

Entre 1970 et 1980, la Gecamines, ce géant minier Congolais de l’époque, avait ouvert un comptoir de vente de malachite au profit des artisans. Mais avec sa chute en 1990, le comptoir a fermé. André Kituri, est artisan à l’atelier MK.

« Ceux qui nous fournissent la malachite aujourd’hui, sont des creuseurs artisanaux. Il y a quelques années ils avaient un point de vente de la malachite brute, dénommé Matonge, c’est ici dans la commune Ruashi. Aujourd’hui, il n’y a plus de comptoir, la matière brute est introuvable. »

A quelques mètres de là, Monsieur Pierre tient un autre atelier et emploie 12 personnes. Son dépôt de minerais est quasi vide et sa production est en baisse.

« Auparavant on nous amenait jusqu’à 50 Kilos par jour. Mais aujourd’hui c’est entre 3 et 10 kilos alors que nous sommes au nombre de 12 artisans. Avec 100 kilos, on produisait même 200 à 300 colliers par jour. A présent, notre production est de 30 à 50 colliers. »

Si la malachite brute est devenue rare, son prix a également grimpé. En dix ans, il est passé de 2 dollars le kilo à 5 dollars, soit plus de 100% d’augmentation. Jean-Pierre, crée des colliers en pierre verte.

« Toutes les carrières minières sont vendues aux étrangers. Depuis que l’Etat Congolais a vendu ces carrières, nous ne savons plus travailler. Les Chinois achètent tout et à un prix élevé. Nous faisons face à une concurrence, nous ne savons plus quoi faire. Avec cette concurrence étrangère. ​​​​​​​»

David Mwaku, un autre artisan, craint pour l’avenir du métier.

« Nous sommes déjà en voie de disparition car nous n’avons plus de matière première. En plus, nous n’avons pas de client pour acheter les produits finis. »

Malgré ce contexte, les artisans, tailleurs de malachite à Lubumbashi ne désarment pas. Le marché artisanal de la commune de la Ruashi et celui du centre-ville de Lubumbashi sont encore achalandés. Et ils restent un passage obligé pour les touristes.

 

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