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À la Une: la Centrafrique sur la corde raide

À moins d’une semaine maintenant de l’élection présidentielle en Centrafrique, la situation sécuritaire devient de plus en plus tendue. « Vendredi soir, rapporte Le Monde Afrique, trois des plus puissants groupes armés qui occupent plus des deux tiers du pays avaient commencé à progresser sur des axes routiers vitaux pour l’approvisionnement de la capitale, Bangui. Ils avaient en outre annoncé leur fusion. Dans la foulée, le gouvernement a accusé samedi l’ex-chef de l’État François Bozizé de « tentative de coup d’État » avec une « intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui » en cette période électorale. »

Le lendemain, c’est à dire dimanche, pointe encore Le Monde Afrique, « le parti de François Bozizé démentait toute tentative de coup d’État. La France, la Russie, les États-Unis, l’Union européenne et la Banque mondiale ont appelé malgré tout François Bozizé et les groupes armés à déposer les armes. »

« François Bozizé, rappelle Jeune Afrique, faisait figure de principal concurrent au chef de l’État sortant Faustin-Archange Touadéra pour la présidentielle, dont le premier tour est donc prévu dimanche prochain, comme pour le scrutin législatif. Mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature, estimant qu’il était sous le coup de sanctions des Nations unies en raison de son soutien présumé à des groupes armés responsables de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ». »

Bangui sous la menace ?

Sur place, à Bangui, la capitale, « les habitants vivent dans la peur », rapporte le site d’information centrafricain CorbeauNews. Dimanche, « à Bouchia, dans la préfecture de la Lobaye, la présence de rebelles a été signalée et les mercenaires russes de la société Wagner ont installé un checkpoint à l’entrée de la ville sur l’axe Mbata. Dans la ville de Bouar, poursuit le site d’information centrafricain, le checkpoint des forces de l’ordre à l’entrée de la ville sur l’axe Béloko a été occupé par les rebelles sans aucune résistance des soldats des FACA qui ont pris tout simplement la fuite dans la brousse. Au même moment, à Bangui, le chef de l’État, Faustin-Archange Touadéra, se réjouissait de l’arrivée de nouveaux mercenaires russes et rwandais, habillés en gendarmes centrafricains, et qui sont actuellement basés à l’école nationale de police au PK10. »

Bozizé revanchard ?

Alors, Bozizé est-il derrière l’avancée des groupes armés ? Est-ce lui qui tire les ficelles ? Oui, estime Aujourd’hui au Burkina Faso : « Indexé, l’ex-président, dont le dossier de candidature a été retoqué mais qui avait affirmé ne pas être froissé outre mesure, l’ex-président semble selon toute vraisemblance être l’instigateur de cette bronca guerrière. Le chien ne change jamais sa façon de s’asseoir, poursuit le quotidien ouagalais. Putschiste notoire qui a cherché l’absolution des urnes, François Bozizé a toujours son renversement en 2013 et son exil en travers de la gorge et comptait bien prendre sa revanche ce coup-ci. Alors, lorsque les grands juges ont recalé son dossier, il s’est dit qu’il pourrait reprendre ce qu’il avait jadis pris par la canonnière en 2003. Revoilà donc la RCA de nouveau en ébullition, soupire Aujourd’hui (…) ; une suite logique étant donné que la Centrafrique est occupée à 80 % par des groupes armés qui exigent un nouvel ordre politique. »

Treize accords de cessez-le-feu en 8 ans…

« Bonjour l’instabilité chronique ! », renchérit L’Observateur Paalga. « Pas besoin d’une boule de cristal pour affirmer qu’après 13 accords de cessez-le-feu et de sortie de crise signés en 8 ans, la Centrafrique n’a pas réussi à exorciser ses vieux démons des divisions régionalistes et politiques à forte connotation religieuse. Au contraire, elle y patauge dans un mouvement de, un pas en avant, deux pas en arrière. L’introuvable consensus des acteurs de cette crise sur les élections couplées à venir en est l’illustration parfaite. »

Qui plus est, rajoute le quotidien burkinabé, « quand, aux égo surdimensionnés de politiciens non éclairés comme Bozizé s’ajoutent les appétits des multinationales pour les ressources minières dont regorge le pays, cela donne cette pagaille que vit la RCA depuis belle lurette. Exit donc l’accord de Khartoum, bonjour l’instabilité chronique ! »

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