Un opposant guinéen, en détention depuis septembre à Conakry, est mort dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 décembre. Roger Bamba, la quarantaine, était membre de la cellule de communication et responsable des jeunes de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d’opposition, dirigé par Cellou Dalein Diallo. Il est mort quelques heures après son transfert à l’hôpital de la capitale. Il avait été arrêté après avoir échangé des messages sur la situation politique du pays, selon sa femme, qui accuse les autorités de maltraitance et de crime d’État.
Il regrette un ami et pleure « un combattant de la démocratie dans le pays ». Diabaty Doré, président du parti d’opposition RPR et membre de la coalition qui a soutenu Cellou Dalein Diallo lors de la présidentielle, était proche de Roger Bamba. Il dénonce ses conditions de détention :
« Il était dans 7m² où ils étaient au nombre de neuf personnes. Avec neuf personnes, comment dormir ? Comment se coucher ? Les conditions sont très désastreuses en République de Guinée. Et on nous reproche quoi ? Personne ne sait ! Il a été arrêté juste pour ses convictions ! »
Le décès en prison, faute de soins, de Roger Bamba, est une perte immense pour sa famille, pour l’UFDG dont il était un…
Publiée par Cellou Dalein Diallo sur Jeudi 17 décembre 2020
Sur l’aspect politique, le porte-parole du ministère de la Justice, Sékou Keita, ne se prononce pas. Mais il assure que la procédure judiciaire a été respectée, et il rejette les accusations de mauvais traitements. Selon lui, Roger Bamba serait mort d’une cirrhose du foie :
« Certes, nous ne pouvons pas nous féliciter des conditions de détention. Mais M. Roger Bamba remplissait les conditions de détention que l’on peut qualifier d’acceptables aujourd’hui. Nous garantissons une autopsie si elle est demandée par la famille ou des proches pour tirer cela au clair. Nous ne nous reprochons absolument rien. »
Dans un communiqué, les États-Unis exhortent le gouvernement à respecter l’État de droit et à veiller à ce que les détenus bénéficient de procès équitables.
Cinq figures de l’opposition, dont quatre membres de l’UFDG, sont en détention depuis novembre en Guinée, accusées par les autorités d’être impliquées dans les violences autour de la présidentielle. La candidature d’Alpha Condé à un troisième mandat a donné lieu à des mois de manifestations durement réprimées et de violences qui ont fait des dizaines de morts parmi les civils depuis un an et dans les jours suivants l’élection.