Le groupe Boko Haram a revendiqué ce mardi 15 décembre l’enlèvement d’au moins 333 lycéens dans l’État de Katsina, dans le nord-ouest du Nigeria. Ce kidnapping de masse, qui rappelle l’enlèvement des 276 lycéennes de Chibok en 2014 dans l’État de Borno, est le premier événement de cette ampleur à l’ouest du Nigeria, jusque-là épargné par la menace jihadiste. Dans le pays, c’est la consternation, alors que cette revendication pourrait marquer un tournant dans l’expansion du groupe.
Avec notre correspondante à Lagos, Liza Fabbian
Le seul crime des lycéens de Kankara est d’être allé à l’école publique et d’avoir bénéficié d’une éducation honnie par Boko Haram. Après la revendication de l’enlèvement de plus de 300 d’entre eux par le jihadiste nigérian Abubakar Shekau, deux régions frontalières de l’État de Katsina ont annoncé la fermeture de leurs écoles, jugées trop « vulnérables ».
Un constat d’échec amer, presque sept ans après le kidnapping des lycéennes de Chibok par Boko Haram, qui avait bouleversé le monde entier. Le groupe « Bring Back Our Girls », qui avait mené campagne pour la libération de ces jeunes filles, dénonce aujourd’hui « un nouvel échec » du président Muhammadu Buhari, accusé « de faire l’autruche » face à une situation sécuritaire très dégradée.
Publiée par Bring Back Our Girls sur Mardi 15 décembre 2020
C’est bien la première fois qu’Abubakar Shekau revendique une attaque dans cette région, éloignée de son fief traditionnel du Borno, au nord-est du Nigeria. Mais cet enlèvement spectaculaire n’a pas forcément été mené directement par les hommes de Shekau. Il aurait plutôt été « sous-traité » à l’un des groupes criminels qui pullulent dans la région. Il pourrait même avoir été initié par l’un d’eux.
Ces « bandits » bien organisés sont perçus comme de précieux relais par les groupes jihadistes, qui souhaitent s’attirer leur loyauté afin de servir leurs intérêts dans les régions de l’ouest du Nigeria.
« Les jihadistes étendent leurs tentacules, s’assurent de ne plus opérer seulement dans leur petite enclave, externalisent leur lutte au-delà du nord-est du Nigeria »
Idayat Hassan, directrice du Centre pour la démocratie et le développement, think tank basé à Abuja au Nigeria