À Madagascar, les paramédicaux sont mécontents. Ils sont toujours en attente du paiement de leurs indemnités de réquisition pendant l’épidémie de Covid-19. Pendant un peu plus de sept mois, ils ont été requis par l’État pour lutter contre le virus dans tout le pays. Mais aucun des 7 265 infirmiers, infirmières et sages-femmes de l’île n’a reçu ces indemnités, fait savoir le syndicat des paramédicaux qui a interpellé à plusieurs reprises le ministère de la Santé.
De notre correspondante à Antananarivo,
« Une absence de reconnaissance » et même « une exploitation de la part de l’État ». C’est ce qu’éprouvent de nombreux paramédicaux après des mois de dévouement pour soigner les malades du coronavirus. Un personnel mécontent, d’autant plus qu’il a travaillé dans des conditions précaires pendant cette période .
« Nous n’avions pas d’équipement de protection individuelle et on s’est mis en danger pendant six mois. L’État nous a fourni une fois en équipements lavables et ils ont été détériorés car on les nettoyait avec du chlore. Nous avons été obligés d’en acheter avec nos propres moyens », raconte Angela, infirmière dans un hôpital d’Antananarivo.
« Je me sens totalement délaissée. Nous avons fait le serment de soigner les gens donc on fait notre travail mais je suis découragée aujourd’hui. L’État se souvient de nous quand il a besoin mais lorsqu’il faut nous récompenser, il nous oublie », poursuit Angela.
Une indemnité de réquisition comprise entre 30 000 et 36 000 ariary par jour, soit 7 à 8 euros. « Nous devions être payés tous les quinze jours au plus tard », fait remarquer le président du syndicat des paramédicaux, Jerisoa Ralibera. Une modalité spécifiée dans le décret d’application de la loi relative aux réquisitions de personnes.
« Tout le monde est furieux face à cette situation car nous avons travaillé dans des conditions difficiles. Ces derniers temps, le ministère de la Santé nous a tourné le dos. Il a refusé toutes nos demandes d’audience », souligne t-il.
Le syndicat compte relancer le ministère de tutelle et déposer une requête concernant ces indemnités de réquisition auprès de la Primature. « Si l’État fait la sourde oreille, alors nous avons deux choix : porter plainte auprès du Conseil d’État ou entamer une grève », conclut-il.
Contactés par RFI, le ministère de la Santé et le ministère des Finances n’ont pas donné suite à ses sollicitations.