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Nigeria: l’accès à l’hygiène pour les déplacés de l’État de Benue (1/2)

4, 5 milliards de personnes sur la planète n’ont toujours pas accès à des sanitaires salubres. Le Nigeria est le deuxième pire pays au monde en la matière : 23 % de la population du pays le plus peuplé d’Afrique -soit 46 millions de personnes dont de très nombreux enfants- n’ont pas accès à un système sanitaire salubre et sont obligées de faire leurs besoins en plein air, avec de graves risques pour leur santé.

Avec la pandémie de coronavirus, l’accès à l’hygiène de base est devenu plus essentiel que jamais pour les populations vulnérables. Dans l’État de Benue, au centre-est du Nigeria, l’Unicef intervient avec son programme Wash auprès des personnes déplacées en raison du conflit qui oppose éleveurs et agriculteurs dans la région. L’État de Benue est le deuxième comptant le plus de déplacés internes au Nigeria, après le Borno, en proie à l’insurrection jihadiste au nord-est du pays.

Près de 50 000 victimes du conflit récurrent entre éleveurs et agriculteurs vivent aujourd’hui dans des camps autour de la ville de Makurdi. Ils sont plus de 13 000 à s’entasser dans le camp de Daudu 2. En pleine journée, des femmes âgées et de très jeunes enfants s’abritent sous un grand arbre planté dans le sable. James Nyita fait partie des quelques hommes présents, peau parcheminée et barbe jaunie par le soleil : « Cela fait presque trois ans maintenant que nous vivons ici. Nous avons été chassés par les éleveurs peuls. Nous avons été forcé de quitter nos villages pour venir ici. La sécurité est encore trop mauvaise pour retourner chez nous. Si nous y retournons pour chercher de la nourriture, nous risquons de nous faire tuer. »

Dans les camps du district de Guma, le dénuement est presque total. Mais depuis le mois d’avril, de gros efforts ont été entrepris par l’Unicef pour améliorer l’hygiène des déplacés. Des sanitaires ont été réhabilités, d’autres construits. Des puits motorisés et des points d’eau ont été installés. Deux millions de savons ont aussi été distribués. Joséphine Pitila est la coordinatrice locale du programme Wash : « Oh, vous seriez venue ici avant, on ne pouvait pas poser un pied devant l’autre, à cause des excréments et des ordures. C’était vraiment très, très sale, vraiment. Je devais marcher sur la pointe des pieds, il y avait même des excréments tout près de là où ces gens dorment. Alors, nous avons dû leur faire comprendre l’importance de l’hygiène et former des volontaires pour nettoyer les lieux et mobiliser la population. Il n’y a pas assez de place ici, pas assez de tentes, il y a trente familles qui vivent dans une seule de ces pièces. Certains sont même obligés de dormir dehors la nuit. »

Seuls douze toilettes étaient fonctionnels avant le mois d’avril, il y en a maintenant 49 autour du camp. Un gros travail de sensibilisation a aussi été mené pour expliquer le lien entre mauvaise hygiène et maladies. Anita se tient devant l’entrée d’une pièce surpeuplée : « On a appris par exemple à se laver systématiquement les mains avant de manger. Nous sommes plus propres, on a changé nos pratiques. Avant la seule solution, c’était souvent de faire nos besoins dehors et de les enterrer ensuite. On ne peut pas tous aller vivre dans les villages voisins. Et au moins ici, nous avons accès aux soins de base. Mais la vie reste difficile car nous sommes bien trop nombreux. »

Seule 9% de la population totale du Nigeria a accès à la fois à l’eau, aux sanitaires et à l’hygiène de base.

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