Sans surprise, le RDPC de Paul Biya a largement remporté ce premier scrutin régional au Cameroun qui s’est tenu le 6 décembre. Il obtient donc une écrasante majorité dans 9 des 10 régions puisque les deux principaux partis d’opposition avaient boycotté le scrutin. Reste à savoir quel poids pourront avoir ces nouveaux conseils régionaux.
Sur le papier, la loi sur la décentralisation octroie des compétences assez variées aux tout nouveaux conseils régionaux notamment en matière de l’économie de l’éducation ou encore, de la santé. Il ne manquait plus que ces élections, selon les autorités, pour rendre « effectif » ce transfert de compétences.
Le budget régional au cœur des questions
Du côté des observateurs, on reste tout de même prudent. « C’est un pas vers la décentralisation, mais un tout petit pas », estime l’analyste Stéphane Akoa. Car il reste des inconnues à commencer par le budget. Quelle sera la taille de l’enveloppe aux mains des conseils régionaux ? À peine adoptée en fin de semaine dernière, la nouvelle loi de finances a été vertement critiquée par l’opposant Cabral Libii. Selon lui que les ressources mises à disposition des collectivités décentralisées n’atteignent pas les 15 % promis ce qui sème le doute.
Quel sera le degré d’autonomie de ces assemblées régionales vis-à-vis du pouvoir central ? Dans la mesure où elles sont largement dominées par le RDPC, le parti de Paul Biya y compris dans les deux régions anglophones où ce parti était seul en lice. Peut-être va-t-il y avoir une « décentralisation sans ouverture politique », s’interroge un observateur.
Quoi qu’il en soit il va falloir de la patience avant que ces conseils régionaux soient fonctionnels. La plupart ignorent encore où ils siègeront. Quant au personnel administratif, il n’est pas encore recruté.