La commission nationale des droits de l’homme a pu visiter les prisons secrètes tchadiennes, dont l’existence a été dénoncée il y a quelques semaines par une organisation de défense des droits de l’homme.
Avec notre correspondante à N’Djamena, Madjiasra Nako
La mission de la commission nationale des droits de l’homme indique avoir visité deux prisons de l’Agence nationale de sécurité (ANS), l’organisme présenté comme la police politique du régime tchadien. Après avoir visité les cellules incriminées, le président de la commission a indiqué que les cachots ne sont pas aussi lugubres que décrits mais que certains points devaient être améliorés.
« Les prisonniers nous ont dit qu’ils sont dans de bonnes conditions. Mais la seule chose qui leur manque, ce sont des visites. Ils n’ont pas de visite de leur famille ni de contact avec les avocats », estime Djidda Oumar. Deux anciens détenus ont fait part à RFI de sévices, programmés entre 23h et 4h du matin, qui ont commencé dès le premier jour de leur détention. Ils évoquent notamment avoir reçu du piment dans les yeux et des coups de bâton.
Cette visite fait suite aux dénonciations sur les conditions de détention des prisonniers dans ces cachots, qui ne relèvent pas de l’administration pénitentiaire, notamment par la convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme. Le nombre exact de prisons secrètes dont dispose l’agence de renseignement est inconnu.
Concernant les gardes à vue extrêmement longues, Djidda Oumar répond que le « procureur est au courant ». « Ce sont des enquêtes qui prennent beaucoup de temps donc le délai de garde à vue est très difficile à respecter », ajoute le président de la commission.
La CNDH recommande toutefois au gouvernement de recadrer l’ANS pour éviter les abus d’autorité dont se plaignent nombre de citoyens.