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Tunisie: journée de colère des médecins réclamant d’importants changements

Tunisian doctors and medical students demand the dismissal of the minister of health during a protest on December 4, 2020 in front of the headquarters of the ministry after the death of a resident doctor who fell from a broken hospital elevator. (Photo by FETHI BELAID / AFP)
Les personnels soignants ont débrayé à travers tout le pays pour dénoncer des conditions de travail devenues insupportables. Près de 10 000 blouses blanches ont défilé à Tunis pour réclamer une réforme profonde d’un système de santé à bout de souffle.

Avec notre correspondant à Tunis, Michel Picard

La colère est perceptible au sein du long cortège qui relie le ministère de la Santé à la présidence du gouvernement. Chédia Mansaya exerce à une centaine de kilomètres de Tunis : « On demande une amélioration des conditions de travail, on ne demande ni augmentation de salaire, ni rien du tout. On voit aujourd’hui que la dégradation du public est arrivée à un point de non-retour. »

Corruption, mauvaise gestion, manque d’investissements, de matériel, les marqueurs sont au rouge. La manifestation a été déclenchée par la mort d’un jeune médecin jeudi en raison d’une panne d’ascenseur.

Des soignants confient même avoir porté des malades sur leur dos dans les escaliers des hôpitaux. Pour le docteur Ben Amar, ce n’est pas qu’une question de moyens : « Et si ça marche encore, c’est grâce aux résidents, c’est l’équivalent de vos internes. C’est les soldats de l’hôpital, c’est un peu une chair à canon et maintenant ça ne marche plus. Tout le système risque de s’effondrer. »

Réformer le système de Santé

Interne en psychiatrie, Jihen Andoun veut se battre pour réformer ce système auquel elle va consacrer sa vie : « C’est une chute libre de la santé publique. C’est une décadence. Après 10 ans de révolution, il est temps de faire avancer les choses, de tirer la Tunisie vers le haut. »

Le ras-le-bol général vire parfois au désespoir, surtout en dehors des grandes villes. Le docteur Mejri Salah préside le conseil de l’ordre des dentistes : « On demande surtout de s’occuper des hôpitaux régionaux qui se situent à l’intérieur du pays. On a trop subi, donc ça ne va pas s’arrêter aujourd’hui. On va tenir bon jusqu’à ce que les choses changent. »

À l’intérieur du pays, à Béja, Kairoudan ou Jendouba, une journée de grève générale devrait paralyser totalement les activités ce vendredi.

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