L’application de livraison de nourriture Vuba Vuba au Rwanda surfe sur l’engouement pour le e-commerce renforcé par la pandémie de coronavirus. Lancée il y a environ un an en janvier 2020, Vuba Vuba, qui veut dire « rapidement » en kinyarwanda, la langue nationale, a déjà enregistré près de 200 restaurants, opère dans deux villes rwandaises et livre jusqu’à 600 repas par jours. Alors que Jumia a quitté le petit marché rwandais fin 2019 et que Uber est toujours absent du Rwanda, les applications locales prennent leur essor.
T-shirt vert portant le logo de Vuba Vuba, trois livreurs à moto patientent au comptoir du restaurant Meze Fresh. Il n’est pas encore midi et l’enseigne a déjà reçu plus d’une dizaine de commandes via l’application. Un système qui a sauvé le restaurant en pleine pandémie de coronavirus.
« Mon restaurant et les autres ayant recours aux applications de livraison, nous étions les seuls à travailler pendant le confinement, tandis que les autres étaient dans une situation difficile. C’est pour ça que l’application a attiré beaucoup de restaurants pendant le confinement. Il y avait des gens qui venaient me demander des conseils sur comment je travaillais avec Vuba Vuba », raconte Désiré Ngamije, le manager.
Aujourd’hui, Meze Fresh prépare chaque jour environ 50 commandes Vuba Vuba, l’application de loin la plus populaire parmi ses clients. Un succès qui serait dû à l’expertise de l’équipe, composée d’anciens de la start-up nigériane Jumia.
« Je peux dire que c’est plus adapté au marché local parce que ça a été à 100% développé localement, en prenant en considération l’état du réseau par exemple, fait valoir Albert Munyabugingo, directeur de Vuba Vuba. S’il y a moins de réseau, cela n’affecte pas les fonctionnalités de l’application. Au Rwanda et dans toute l’Afrique, on est vraiment apte à développer notre propre technologie. »
Le client paye un euro la livraison et Vuba Vuba prend un pourcentage du prix du repas discuté avec les différentes enseignes, précise Albert Munyabugingo : « Un peu avant le confinement, je dirais qu’on était vraiment 100% restaurant [avec une consommation sur place]. Mais avec le confinement, on a un peu élargi le business modèle, en commençant à vendre des fruits et des légumes venus du marché de Kimironko, un des plus grands marchés du Rwanda. »
Marchés mais aussi supermarchés, smartphones, alcool et même bouquets de fleur : on trouve maintenant presque tout sur Vuba Vuba. Une aubaine pour les chauffeurs de taxi-motos de Kigali. Une centaine d’entre eux, embauchés par la start-up, se sont reconvertis en livreurs. « Le salaire ici à Vuba Vuba est plus élevé qu’un salaire de taxi-moto qui travaille dans les rues. Ici, je peux gagner environ 200 euros par mois », remarque Faustin Bavugamenshi.
De l’avis de l’équipe de Vuba Vuba, l’année 2020 a aura été une année pivot pour le secteur du e-commerce au Rwanda. Le pays compterait aujourd’hui une vingtaine d’applications de vente en ligne.