Le secteur du tourisme égyptien souffre en raison de la crise sanitaire de Covid-19. Dans la Vallée des rois, à 650 km au sud du Caire, c’est toute une économie qui est en train de s’effondrer dans un pays où le tourisme, première source de revenus, représente 13% du PIB.
Depuis sa montgolfière, le capitaine Kareem survole la Vallée des rois avec fierté depuis 11 ans. Au début du mois d’octobre, les autorités égyptiennes ont de nouveau autorisé les professionnels du tourisme à relancer leurs activités pour le début de la saison. Mais les touristes ne sont pas au rendez-vous.
« Les affaires ne sont pas bonnes en ce moment. L’année dernière, durant la saison touristique, il y avait 35 montgolfières qui décollaient en même temps. Normalement, celle-ci reçoit 16 personnes, mais là nous ne sommes que 8 », regrette le capitaine Kareem.
Et ce jour-là, c’est Arsany et sa famille, des Égyptiens vivant à Dubaï, qui sont venus admirer la vue. « Nous sommes assez chanceux qu’il n’y ait pas beaucoup de monde, mais ce n’est pas bon pour notre pays, car il y a moins de tourisme et moins d’entrées d’argent pour le pays, observe-t-il. J’espère que la crise du coronavirus sera bientôt finie »
Habituellement noire de monde, l’esplanade bordée de Sphinx à l’entrée du temple de Louxor est étonnamment vide. Dans le souk, trois boutiques sur quatre sont fermées. « Aujourd’hui, il y a le grand marché égyptien à Karnak. Je ne prends que 10 pounds parce que je ne suis pas occupé. » Une manière élégante, pour ce cocher, de dire qu’il a faim. Et qu’il casse ses prix pour pouvoir s’occuper de ses enfants. « Je ne travaille pas. Comment je peux les nourrir et leur donner de l’argent pour les envoyer à l’école ? Les affaires ne sont pas bonnes à cause du coronavirus. Tout le monde reste là, pas de business, pas de travail. »
L’année 2020 devait être celle de la reprise du tourisme en Égypte après dix ans de baisse de fréquentation en raison de la révolution de 2011 et des attentats qui ont secoué le pays au cours de la décennie. Pour Amr El Cheikh, un tour operator travaillant dans toute la région, c’est un coup dur : « Avant, tout était parfait. Maintenant, c’est une grosse crise. Ici, tout le monde souffre après la fermeture des frontières européennes. »
Alors que l’Égypte résiste plutôt bien à l’épidémie de Covid-19, sa dépendance au tourisme pourrait aggraver la crise sociale en devenir.