La tension monte à la frontière entre l’Éthiopie et le Soudan, notamment dans la région du triangle d’el-Fashaga, une zone dont la démarcation pose problème entre les deux pays depuis des décennies. Or, à la faveur du conflit au Tigré, l’armée soudanaise a pris possession d’une partie de ce territoire agricole.
Avec notre correspondant dans la région, Sébastien Németh
Le tiangle d’el-Fashaga s’étend sur 250 km2. Cette zone fertile représente des milliers d’hectares de terres cultivables. Un enjeu économique et alimentaire crucial pour les habitants.
Revendiquée par le Soudan et l’Éthiopie, la région est connue pour sa violence et ses trafics. Or, depuis plusieurs semaines, les soldats éthiopiens déployés dans le secteur sont partis renforcer les troupes au Tigré.
L’armée soudanaise aurait donc profité du retrait des troupes éthiopiennes. Selon plusieurs sources, les soldats de Khartoum auraient ainsi repris les secteurs de Kurdia, du Jebel Tayara et même de Khor Yabis, qui était occupé par les Éthiopiens depuis 25 ans. Un comité local soudanais a alors parlé d’une « restauration de la souveraineté soudanaise ».
De nombreuses forces présentes
La frontière autour du triangle d’el-Fashaga n’a jamais été clairement délimitée depuis la décolonisation. La zone a donc toujours été source de tensions. Les armées soudanaise et éthiopienne y ont une présence et se sont même directement affrontées en mai. Un comité conjoint avait alors été créé pour éviter un bain de sang. Mais les réunions n’ont pas permis de régler la question frontalière.
S’ajoute à cela du trafic, notamment d’armes, et la présence de miliciens éthiopiens appelés Shifta qui servent de supplétifs aux ENDF. Ils s’adonnent régulièrement aux raids, kidnappings et meurtres. Mais avec le conflit au Tigré, les forces soudanaises semblent prendre l’ascendant sur la zone. Il y a une semaine, elles ont même arrêté Halka Asar, un puissant chef de milice éthiopien suspecté de nombreuses attaques dans la zone.