La Cour de cassation marocaine a maintenu les peines prononcées en 2013 pour 19 indépendantistes du Sahara occidental, allant de vingt ans à la prison à vie. Les militants sahraouis sont accusés d’avoir participé aux violences dans le camp de Gdim Izik, près de la frontière au sud du Maroc, en 2010. Ce verdict s’inscrit dans un contexte de reprise des conflits entre Sahraouis et Marocains.
Pour ces Sahraouis, la bataille judiciaire aura duré 10 ans : de novembre 2010, lorsqu’ils ont été arrêtés par la police marocaine après le démantèlement meurtrier du campement de Gdim Izik, aux condamnations confirmées mercredi par la Cour de cassation.
Durant cette décennie, les rebondissements judiciaires ont été nombreux. Parmi eux, les avocats des militants indépendantistes se souviennent très bien de celui de 2017. « Lorsque nous avons plaidé que le Sahara occidental était un territoire occupé, le président de la Cour d’appel a menacé de nous expulser. Mais lorsque nous avons plaidé que nos clients avaient été torturés, nous avons été expulsés manu militari du tribunal, et nous n’avons plus jamais pu remettre les pieds au Maroc », raconte Maiîre Ingrid Metton.
Ces procès s’inscrivent dans un contexte plus large de lutte pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination, réclamé depuis 1991 par l’ONU. Mais le Maroc refuse cette possibilité et verrouille le territoire.
« Le contexte que nous voyons aujourd’hui au Sahara occidental est celui d’un territoire très fermé, avec une absence de mécanismes de surveillance de la situation des droits humains impartiaux et indépendants », estime la directrice Afrique du Nord d’Amnesty International, Amna Guellali.
Pour les 19 militants incarcérés, c’est donc la fin de l’espoir judiciaire. Cependant, selon l’épouse de l’un des condamnés, leur combat n’est pas terminé.