Au Mali, trois personnes ont été tuées le 19 novembre à Farabougou, village qui subit un siège de la part de combattants jihadistes depuis début octobre. En dépit de la présence de l’armée malienne, arrivée dans le village il y a près d’un mois, et malgré les engagements pris il y a près de deux semaines lors du forum de Niono pour la réconciliation intercommunautaire dans le cercle, les habitants n’ont toujours pas retrouvé leur liberté de mouvement.
Au Mali, trois habitants de Farabougou ont été tués alors qu’ils se rendaient dans leurs champs. « Il y avait le fils de mon cousin », confie un habitant du village, la voix abattue. Il rapporte que deux villageois ont été tués sur le coup, un a été blessé, et qu’un autre était porté disparu. Ce bilan a été confirmé ce 20 novembre au matin par un porte-parole de l’armée malienne. Depuis, l’homme qui avait disparu a été retrouvé assassiné.
Les villageois étaient partis aux champs, en fin de matinée, lorsqu’ils ont été visés par les tirs des jihadistes. Les militaires maliens sont intervenus mais trop tard. Ils ont ensuite engagé des recherches avec leurs véhicules, selon un habitant, mais en vain. Aucun détail n’a été apporté par l’armée sur ces opérations.
Il y a deux semaines, un forum gouvernemental s’était pourtant tenu à Niono. Un accord de fin des hostilités avait même été passé entre chasseurs dozos et communauté peule, suscitant beaucoup d’espoirs, mais depuis la situation n’a cessé de se dégrader. Les champs d’arachide et de haricots, tout proches de Farabougou, qui étaient de nouveau accessibles, ne le sont plus depuis hier. Les habitants de Farabougou ne peuvent plus non plus se rendre dans les rizières, plus éloignées, depuis un mois et demi. Ceux qui ont tenté de le faire ont essuyé des tirs. Il y a dix jours, deux roquettes sont tombées dans le village. Le pont qui relie Farabougou aux localités voisines n’a pas été reconstruit.
Des Peuls ont également été assassinés et enlevés au cours des deux dernières semaines dans le cercle de Niono. De nombreuses sources locales, dont des maires, le confirment et accusent des chasseurs dozos, mais impossible de recouper un chiffre fiable. La médiation engagée par des notables locaux, il y a plus d’un mois, est aujourd’hui interrompue. Un membre de cette médiation explique que les jihadistes ont exigé de récupérer les fusils des chasseurs traditionnels dozos, et d’appliquer la charia la plus stricte : femmes couvertes, prélèvement de la zakat, interdiction des balani, des fêtes pour enfants organisées en pleine rue. Ce qui a été jugé inacceptable par les notables de la zone.