Tiavo Randrianisa, 20 ans, est l’une des athlètes françaises qui comptent briller lors des JO de Paris en 2024 en taekwondo. Et depuis 2015, elle soutient son sport à Madagascar avec des dons. Portrait.
Si pour certains athlètes le temps presse avec Tokyo 2020 l‘été prochain, Tiavo Randrianisa n’a pas besoin d’avoir les yeux sur l’horloge. La championne prodige de taekwondo vient de voir son contrat de professionnalisation prolongé pour un an par le conseil départemental du Val-de-Marne, en banlieue parisienne. Dans la tête de la jeune fille, ce sont les Jeux de Paris qui priment. « En 2024, j’aurais 24 ans. Mon objectif, c’est l’or olympique », dit-elle en souriant.
Cheveux lisses, corps longiligne, un peu timide, Tiavo Randrianisa sera-t-elle la nouvelle Gwladys Épangue du taekwondo français ? « C’est mon modèle, je regardais toutes ses vidéos. Elle était très impressionnante », avoue la jeune championne. Il faut dire que les débuts de Tiavo Randrianisa dans le taekwondo, art martial d’origine sud-coréenne, sonne comme une véritable promesse. Elle fut double championne de France espoirs et juniors et championne d’Europe 2016 des clubs et des moins de 17 ans en individuel.
Imiter le grand frère
Enfant, Tiavo Randrianisa voulait imiter son frère qu’elle allait « encourager » lors des compétitions. Avant de débuter en club, à 7 ans, elle utilisait le miroir de sa chambre pour tenter de reproduire seule, avec la ceinture de son aîné, les mouvements de ce sport olympique depuis 2000, année de sa naissance. Prémonitoire ? En tout cas, l’idée a largement fait son chemin. Aujourd’hui, elle prépare même une formation pour devenir coach en taekwondo après sa carrière.
D’origine malgache, – elle se rend à Madagascar tous les étés depuis l’enfance -, Tiavo Randrianisa est la marraine du club de Sab-Nam dans ce pays situé au large de la côte sud-est de l’Afrique. Touchée par le manque de moyens des pratiquants de taekwondo sur la Grande Île, elle réunit chaque année depuis l’âge de 16 ans du matériel qu’elle apporte à chacun de ses voyages. À Madagascar, qui reste l’un des pays les plus pauvres du continent, elle dirige même des stages pour partager son savoir-faire d’athlète de haut niveau. Régulièrement, elle a droit à des articles dans la presse malgache.
Attachée à la Grande Île
Pour cause de Covid-19, la jeune athlète ne pourra pas jouer « la mère Nöel » cette année. « C’est dommage. Je suis très attaché à Madagascar et j’ai encore de la famille là-bas. À Madagascar, il y a encore ma grand-mère et c’est important pour moi. Je voulais venir en aide à ces sportifs et j’ai longuement discuté avec ma mère pour savoir ce que l’on pouvait faire. J’ai vu des personnes s’entraîner dans de mauvaises conditions, je voulais faire quelque chose », raconte-t-elle avec émotion.
Tiavo Randrianisa a créé une page Facebook afin de sensibiliser les gens et les inciter à offrir du matériel pour Madagascar. Ses parents ont mis en place l’association Tiav’Or. Aujourd’hui elle reçoit souvent des messages de remerciements. De quoi lui donner des raisons de continuer.
Tiavo Randrianisa est décidément une fille atypique. En dehors de son sport, la taekwondoïste a appris à jouer du piano sur YouTube et chante aussi. « Le week-end, je crois que je dois énerver les voisins », lâche-t-elle dans un éclat de rires. Avoir 20 ans en pleine période de coronavirus ne semble pas être un problème pour elle. Entre deux entraînements quotidiens, la mélomane a l’air de mordre la vie à pleines dents.