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Madagascar: le projet de loi de finances se fait attendre

Le projet de loi de finances, rédigé par le ministère de l’Économie et des Finances et adopté par le gouvernement depuis presque trois semaines n’est toujours pas arrivé entre les mains des parlementaires, contrairement à ce qu’impose la loi. Pendant ce temps, et c’est bien là ce que dénonce fermement la société civile, la population a droit à quelques divertissements. L’agacement et la colère montent.

 

Avec notre correspondante à Antananarivo,  Sarah Tétaud

Tournée nationale de la chanteuse sud-africaine à l’origine du succès planétaire du titre « Jerusalema », alors même que les frontières sont fermées ; rassemblements massifs tolérés pour célébrer le retour de Côte d’Ivoire des joueurs de foot malgaches, sans respect des gestes barrière… Pour la société civile, le gouvernement « divertit son peuple pour mieux faire diversion ».

Mais que se passe-t-il donc en coulisses ? Où est passé ce projet de loi de finances 2021 qui, d’après une communication gouvernementale, a pourtant été adopté par l’exécutif, le 30 octobre dernier ?

Les députés ont légalement, selon la LOLF, Loi de finances de 2004, trente jours pour voter ou rejeter le projet de loi. Il ne leur resterait donc qu’une dizaine de jours pour étudier et débattre d’un texte censé réglementer les dépenses publiques du pays pour toute l’année à venir. Pour Hony Radert, représentante du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes (CCOC), c’est un danger.

« Ce qui est problématique sur le fait que ce n’est toujours pas arrivé à l’Assemblée nationale, c’est que l’on va encore avoir un vote à la va-vite. Et cette fois-ci, on pourra peut-être le reprocher aux députés, mais il y a aussi la part de responsabilité de l’exécutif qui est quand même assez récurrente ces derniers temps », précise-t-elle.

« Le ministère ne respecte pas la loi »

« Ne pas avoir le temps suffisant pour examiner la loi de finances, cela veut dire que l’on ne pourra pas se pencher sur les priorités. Est-ce que les priorités qui vont se dégager du budget sont celles de la population ? Est-ce qu’on aura les augmentations là où on les a demandées pour les secteurs prioritaires comme les secteurs sociaux, pour les organes de lutte contre la corruption, pour les organes de contrôle de finances publiques par rapport aux emprunts, aux investissements publics ? », ajoute-t-elle.

Aujourd’hui, la commission « Finances publiques » de la chambre basse affirme ne pas avoir encore reçu le texte.

« C’est un souci parce que le ministère des Finances ne respecte pas la loi, sans invoquer de quelconques raisons pour justifier le retard. Cela donne l’impression que l’on se fiche de la vie du citoyen. C’est un manque de respect de la part des ministères, de l’État envers les citoyens dont ils devraient pourtant être redevables. Et on fait diversion avec différentes choses en même temps que le projet de loi de finances. Il devrait pourtant être au centre des discussions, au centre des communications vu l’importance des enjeux qu’on devrait retrouver dedans », a tenu à souligner Hony Radert, représentante du CCOC.

Contacté, le ministre de l’Économie et des Finances n’a pas donné suite à nos sollicitations.

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