La campagne d’exportation de vanille a commencé depuis un mois et demi (le 15 septembre) mais pour l’heure, les acheteurs ne se bousculent pas auprès des exportateurs de la Grande Ile, premier producteur mondial de cette épice.
De notre correspondante à Antananarivo,
Après des années de flambée des prix et un pic à 550 dollars le kilo en 2018, le secteur de la vanille est marqué depuis l’année dernière par une baisse significative. Pour éviter une chute brutale du cours sur ce marché instable, le gouvernement malgache a fixé un prix minimum à l’exportation, à 250 dollars le kilo. Malgré ce tarif divisé par deux par rapport à 2018, les commandes sont pour l’heure peu nombreuses.
Des promesses mais pas de commandes fermes. C’est la situation à laquelle sont confrontés de nombreux exportateurs de la Sava, région du nord-est du pays, la plus productrice de vanille. « Les importateurs attendent de voir si le prix de 250 dollars fixé par le gouvernement va être maintenu jusqu’à la fin de la campagne ou si ça va baisser. Certains raisonnent comme ça et cherchent à faire du profit. Ils ne disent pas directement que c’est trop cher mais ils raisonnent par rapport au prix local et à la quantité disponible sur la marché. Il y a beaucoup de quantité mais peu d’acheteurs », explique l’un d’eux.
Cet opérateur a exporté 700 kilos de vanille au lieu de cinq tonnes environ habituellement à la même période. « La qualité de la vanille est pourtant très bonne cette année. Avant, ils l’achetaient à 500 dollars donc là à 250 dollars le kilo avec une qualité encore meilleure que l’année dernière, je ne vois pas où est le problème avec ce prix », poursuit-il.
« Une attitude attentiste des importateurs qui provoque un dérèglement dans la filière », déplore Georges Geeraerts, le président du Groupement des exportateurs de vanille de Madagascar. Pour lui, ce début morose vient aussi du fait que la campagne d’exportation de vanille a commencé un mois plus tôt cette année. « Les acheteurs étaient donc couverts puisqu’ils ne s’attendaient pas à une ouverture le 15 septembre », fait-il remarquer.
Des offres inférieures au prix minimum
Le marché est aussi perturbé par des offres inférieures au prix minimum imposé par le gouvernement malgache. « Certains, en dehors de Madagascar, offriraient une vanille bien en dessous de ce prix là avec une origine malgache. Ce qui est difficile à comprendre. Donc nos clients habituels nous disent qu’ils ne voient pas pourquoi on leur impose un prix à 250 dollars le kilo alors que d’autres leur font des propositions à moitié prix. Mais ces offres sont illégales », détaille-t-il.
Si certains opérateurs jugent que la quantité de vanille sur le marché est trop importante par rapport à la demande, ce n’est pas le cas de Georges Geeraerts. « Je pense qu’il y a de la place pour beaucoup plus de vanille que ce qu’on en vend maintenant mais l’appellation »vanille naturelle » a été galvaudée et beaucoup ont triché sur l’étiquetage. Le confinement a aussi changé les habitudes de consommation. Les gens ont envie de se faire plaisir et l’arôme vanille est un arôme »feel good ». Donc les gens ont cuisiné chez eux. Ils ont acheté des produits tels que la vanille, de la glace à la vanille, etc. Pour moi, il n’y a pas encore de signe que le marché de la vanille serait moins demandeur. »
Une chute brutale du prix de la vanille aurait des conséquences significatives pour le pays puisque la filière est le deuxième pourvoyeur de devises de la Grande Ile. Alors que le secteur touristique, autre grand pourvoyeur de devises pour Madagascar, a été totalement paralysé cette année par la crise engendrée par la pandémie de Covid-19, la filière vanille est d’autant plus importante.