À Madagascar, le remède traditionnel du président de la République Andry Rajoelina, vanté pour ses vertus préventives et curatives contre le coronavirus, n’attire plus. La production de CVO (Covid-Organics) en bouteille vient d’être suspendue. Surstocks, écoulement difficile de la marchandise, les distributeurs et revendeurs n’ont d’autres choix que de mettre en vente le breuvage à prix bradé. Dans les grandes surfaces ou dans les pharmacies, les prix de la bouteille au liquide ambré ont été divisés par deux, voire par cinq.
Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
Il y a ceux qui râlent de voir les prix baisser au moment où la situation s’améliore. Il y a aussi ceux, moqueurs, qui y voient la preuve que le Covid-Organics (CVO) était un beau coup de bluff. Et il y a ceux enfin, comme Oswalde, gardien chez des particuliers, qui se réjouissent de l’aubaine.
« Depuis qu’ils ont sorti le CVO, j’ai fait une cure d’une semaine par mois. Pas parce que j’ai peur d’attraper le coronavirus, hein. Mais parce que j’ai l’impression que, depuis que j’en ai pris, ma sinusite a disparu et mon genou me fait moins souffrir. Moi, je n’en ai jamais acheté. J’ai consommé ce que l’on a reçu gratuitement dans le quartier et ce que mes voisins, qui ne voulaient pas entendre parler de cette boisson, m’ont donné. Là je n’en ai plus, donc je vais devoir en acheter pour la première fois. Et donc, cette promotion, c’est une très bonne nouvelle parce que je n’aurais pas eu les moyens de l’acheter à 1 500 ariary pièce », explique-t-il.
« Les prix du CVO ont tellement baissé que les ventes sont à perte »
Ce responsable d’un magasin de produits naturels pour la santé et le bien-être à Tana a été un gros revendeur des produits CVO. Voyant la demande chuter, il a cessé de se réapprovisionner. Il constate :
« Au lancement du CVO et à l’annonce du président, on a eu une très très forte demande de ce remède et des huiles essentielles antivirales. Le président de la République a été le meilleur VRP pour le CVO. Ça a duré environ deux-trois mois. Mais depuis quelques mois, la demande s’est éclipsée. Le premier désintérêt, on l’a vu sur le CVO en bouteille, qui n’était pas stable dans le temps. Certaines bouteilles tournaient, le produit devenait impropre à la consommation. Et donc, pour les sociétés qui ont stocké ces produits en grande quantité, quand la demande disparait, il a fallu s’en débarrasser. Aujourd’hui, les prix du CVO ont tellement baissé que les ventes sont faites à perte. Je pense que l’effet de mode est passé. »
Mais le virus, lui, n’a pas disparu de l’île. La semaine passée, les responsables nationaux ont annoncé que les stocks restants de la boisson étaient « largement suffisants pour parer à une deuxième vague ».