Seul candidat d’opposition à accepter le processus électoral, Kouadio Konan Bertin s’est exprimé pendant près d’une heure dans son QG de campagne au nord d’Abidjan, mardi 27 octobre 2020.
Avec notre correspondant à Abidjan, François Hume-Ferkatadji
Dissident du PDCI, et candidat sous l’étiquette « indépendant », « KKB » est accusé par l’opposition d’être un « faire-valoir », voire une marionnette du RHDP, le parti au pouvoir. Pour contre-attaquer, il a à son tour pointé les « incohérences » de l’opposition, tout en multipliant les appels au calme à quelques jours du scrutin.
Après ses traditionnels hommages et références à Félix Houphouët-Boigny, Kouadio Konan Bertin a répondu à ses détracteurs qui lui reprochent une candidature de complaisance, quand eux préconisent le « boycott actif » du scrutin. « Passées le 31 sans élections, qu’est-ce qui va se passer ? À quoi va-t-on assister ? À la chienlit, au désordre, à la jungle ? Oui, y’en a qui aime ça parce que c’est comme cela qu’ils prospèrent. Moi je n’ai pas de force, je ne sais pas manipuler le fusil. Je suis Baoulé. Il faut le dire, le Baoulé a un respect sacro-saint pour la vie humaine. »
« Je vais gagner »
En plus de chercher à séduire l’électorat baoulé, « KKB » a également tout fait pour choyer les partisans de Gbagbo, en rappelant qu’il s’est toujours prononcé favorablement au retour de l’ancien président. Il dit ne pas comprendre qu’Alassane Ouattara attende un appel de Laurent Gabgbo pour accélérer les démarches de réconciliation. « Mais pourquoi ? Pourquoi ? Dans quelle Bible, dans quel Coran est-il écrit que c’est l’un qui doit appeler et pas l’autre ? »
Enfin, à la question de savoir s’il est prêt à accepter un grand ministère sous une nouvelle présidence d’Alassane Ouattara, il répond d’abord par la positive avant de se reprendre par une boutade : « Et puis je suis candidat pour gagner. Et le vais gagner. C’est plutôt à moi qu’il faut demander ce que je suis prêt à faire pour Alassane Ouattara quand j’aurai gagné. »
KKB a aussi estimé que « déserter les urnes n’est pas la solution » demandant à ses partisans d’aller voter samedi prochain. Le candidat tiendra son dernier meeting demain, dans le quartier de Koumassi à Abidjan.
■ La société civile s’inquiète du nombre d’incidents lors de la campagne électorale
Intimidation, affrontements intercommunautaires et manifestations violentes… au total 149 incidents dit « critiques » ont été répertoriés ces dernières semaines par l’organisation Indigo.
Cette ONG a déployé près de 1000 observateurs locaux sur l’ensemble du territoire. Ansène Konan, coordinateur de l’organisation, s’inquiète de l’atmosphère qu’il qualifie de « délétère ».
Dans 17% des départements et localités observées, les acteurs politiques ont préféré des références ethniques ou religieuses dans leurs discours, plutôt que de présenter leur programme de société. Tout risque sécuritaire ou communautaire nous inquiète, nous interpelle.Pour le processus politique en Côte d’Ivoire, pour nous, il n’est pas encore trop tard d’appeler les uns et les autres à mettre au-dessus l’intérêt commun, l’intérêt de la nation et pouvoir se parler franchement et trouver les solutions.
Ansène Konan