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Le président-candidat Ouattara défend son bilan à Bouaké devant une foule en liesse

Vendredi 16 octobre, Alassane Ouattara lançait sa campagne de Bouaké, la grande ville du centre de la Côte d’Ivoire, en vue de la présidentielle du 31 octobre. Le président, candidat à un troisième mandat, a rencontré longuement les chefs traditionnels de la région devant lesquels il a exposé son programme et défendu son bilan, et sous-entendu qu’un dialogue politique pourrait se tenir après les élections. Puis, il a tenu un meeting.

Avec notre correspondant à Abidjan,  Pierre Pinto

Ce vendredi après-midi, l’esplanade du quartier Dar es Salam de Bouaké est envahie par une large foule surchauffée et survoltée, souvent composée de jeunes voire très jeunes Bouakois, qui attendent depuis des heures pour écouter Alassane Ouattara. Alors que les forces de l’ordre s’évertuent tant bien que mal à contenir les mouvements de foule de moins en moins contrôlés, ADO prend le micro.

« Vous allez voter pour qui ?!!
– ADO, répond la foule.
– Vous allez voter parce que ADO a un bilan ! Est-ce que vous avez eu de l’électricité ?
– Oui !
– Est-ce que vous avez eu de l’eau ?
– Oui !
– Est-ce que vous avez eu des routes ?
– Oui !
– S’ils sont garçons, ils n’ont qu’à venir aux élections, nous allons nous battre !
 »

Une harangue, plus qu’un discours, de moins de cinq minutes. Le président s’éclipse ensuite puis entame un tour de la ville saluant les habitants du toit ouvrant de sa voiture.

Plus tôt, il rencontrait les chefs traditionnels de la région. L’occasion pour le président-candidat de défendre son bilan et de commenter la stratégie de boycott de l’opposition. « Les élections auront lieu le 31 octobre. Donc que les uns et les autres arrêtent de se faire des illusions : il n’y aura pas de report des élections, il n’y aura pas de transition. Qu’ils rentrent dans le dialogue [lire ci-dessous, NDLR]. Ce dialogue permettra d’améliorer les choses après les élections », a-t-il dit.

Pour autant, malgré les discours fermes d’Alassane Ouattara, le gouvernement a convié ce samedi l’opposition à une « séance de travail » sur « le cadre d’organisation du scrutin ». Une première inflexion depuis des semaines à l’intransigeance affichée par le régime. Mais plusieurs grands partis de l’opposition indiquait dès ce vendredi soir qu’il n’iraient pas.


Une séance de travail déclinée par l’opposition

Avec notre correspondant à Abidjan,  François Hume-Ferkatadji

Au lendemain de l’appel de l’opposition au « boycott actif » consistant « à faire barrage au coup d’État électoral », plusieurs localités du pays ont connu des troubles épars ce vendredi : manifestations, affrontements intercommunautaires, blocages de routes ou vols de cartes d’électeur. Aucune victime n’est à déplorer. C’est dans ce contexte que le ministre de l’Administration du territoire a convié les partis et groupements politiques à une réunion avec le Premier ministre ce samedi  à 11 heures au sujet « du cadre d’organisation du scrutin présidentiel ».  L’opposition, qui exige le report de l’élection avant tout dialogue politique, a décliné.

Les même scènes ont été observées dans plusieurs localités du centre, de l’ouest et du sud-est du pays. Dès l’aube, des groupes de quelques dizaines de manifestants ont bloqué des routes à l’aide de troncs d’arbres, de planches de bois ou de pneus, marquant ainsi leur rejet du processus électoral. De sources policières et sécuritaires, des axes ont ainsi été bloqués, pendant quelques heures, dans les environs d’Abengourou (est), Ouaraghio (centre ouest), Bangolo (ouest), Dabou, Tiassalé (sud), Divo et Adzopé.

Des affrontements ont eu lieu à Bongouanou, et dans des villages proches de Daoukro, où le préfet a convoqué une réunion d’urgence afin d’organiser le déploiement de forces de sécurité dans la région. À Abidjan, plusieurs centaines de cartes électorales ont été dérobées dans des bureaux de vote des quartiers de Yopougon-Micao, Anono, et Marcory.

Le gouvernement tente de réagir en conviant les partis d’opposition à une « séance de travail » ce matin, portant « sur le cadre d’organisation du scrutin ». Mais ni le PDCI, ni le FPI-reconnu par les autorités, ni la plateforme EDS – soutien de Laurent Gbagbo –  ne souhaitent se rendre à cette convocation.

« Le gouvernement doit acter le report de l’élection avant l’ouverture de toutes discussions politiques », a réagi Jean-Gervais Tcheidé, porte-parole d’EDS. De son côté, le FPI-Affi, se dit prêt à répondre à l’invitation du gouvernement mais s’excuse aujourd’hui en raison de problèmes de calendrier.

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