En RDC, la Banque centrale s’explique après la publication pour la première fois sur son site internet du rapport de l’audit de ses comptes au 31 décembre 2019. C’était une exigence du Fonds monétaire internationale. Ce rapport a été réalisé par le cabinet Deloitte, mais pour la société civile, il est loin de fournir la transparence espérée.
Avec notre envoyée spéciale à Kinshasa, Sonia Rolley
La Banque centrale assure avoir fait auditer ses rapports chaque année par un grand cabinet international, mais les résultats n’avaient jamais été publiés. Une partie seulement était reprise dans le rapport annuel de la Banque centrale du Congo.
« Chaque année, quand vous regardez vers la fin de notre rapport, vers la partie administration qui parle de la situation financière de la Banque centrale, vous allez voir que nos comptes sont certifiés et qu’il y a donc une opinion de l’auditeur. L’opinion a toujours été une certification sans réserve des comptes de la Banque centrale », assure Jean-Louis Kayembe, directeur général de la BCC.
L’audit de la banque centrale révèle l’existence d’une trentaine de sous comptes au compte général du Trésor qui contiennent des centaines de millions de dollars. À la lecture de leurs intitulés, certains n’ont plus d’objet aujourd’hui. Pourquoi ne pas les avoirs fermés ?
Pour Jean-Louis Kayembe, la réponse est simple : « Les sous comptes existent dans toutes les comptabilités du monde. Donc avoir des sous comptes, ce n’est pas du tout mauvais. Et nous n’avons pas le pouvoir de les clôturer sans l’autorisation du donneur d’ordre. »
En 2017, la BCC avait demandé, en vain, au ministère des Finances de fermer 24 de ces sous comptes dormants ou inactifs qui contenaient déjà plus de 300 millions de dollars.
Pour ce qui des créances du Burundi et du Rwanda à la Banque centrale du Congo, il y a eu des tentatives de règlement de ces dettes depuis 1997, la dernière date d’il y a deux ans. En 2018, un échéancier avait même été fixé avec le Burundi, mais il n’a jamais été tenu. Ces dettes étaient liées à des déséquilibres dans les balances commerciales au sein de la Communauté économique des pays des Grands Lacs qui avait jadis sa propre chambre de compensation.