C’est en théorie, le 1er septembre prochain, que doit entrer en vigueur la zone de libre-échange entre l’Algérie et l’Union européenne. Cependant, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a demandé à son gouvernement, dimanche 9 août, en Conseil des ministres, de « réévaluer » l’accord d’association. Il faut, selon lui « faire valoir les intérêts de l’Algérie ». Une partie des milieux d’affaires s’inquiète d’un accord qui pourrait mettre en difficultés des secteurs entiers de l’économie algérienne.
Signé en 2005, l’accord de libre-échange entre l’Algérie et l’Europe prévoit une disparition réciproque des droits de douane et des barrières tarifaires.
Face à la complexité des enjeux, l’UE a accepté de prolonger la période d’adaptation de douze à quinze ans, jusqu’en septembre 2020, afin de permettre à l’économie algérienne de se préparer. Mais depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent au sein du patronat algérien pour dénoncer un accord déséquilibré et des risques de faillites d’entreprises en Algérie, après le 1er septembre.
Le président Tebboune a donc demandé à son ministre du Commerce de procéder à une évaluation de l’accord qui doit, selon lui, veiller à des relations équilibrées.
Certains économistes algériens – qui préfèrent conserver l’anonymat – soulignent cependant que les dirigeants algériens ont fait preuve de légèreté, ces dernières années, en négligeant d’activer les clauses de sauvegarde contenues dans l’accord, clauses qui leur auraient permis de mieux protéger certains secteurs jugés vitaux. Ces mêmes économistes jugent aussi que le débat actuel sur l’accord de libre-échange est un rideau de fumée destiné à masquer la cruelle absence de plan de soutien aux entreprises algériennes, victimes, comme partout ailleurs, de la pandémie de Covid-19.
Avec ou sans accord de libre-échange, l’économie algérienne est actuellement au bord du gouffre.