Les tentatives de traversée en Méditerranée centrale sont en forte hausse par rapport 2019, notamment en Tunisie. Deux ONG, Médecins sans frontières (MSF) et Sea Watch, annoncent qu’elles vont lancer prochainement une mission commune de sauvetage de migrants car il n’y en a plus depuis début juillet.
Depuis le début de l’année, les tentatives de traversée en Méditerranée centrale sont en forte hausse par rapport au premier semestre 2019, même si elles restent inférieures à 2018. Au départ de la Tunisie, elles ont augmenté de 462%, selon les chiffres du HCR. Et elles se multiplient notamment depuis un mois.
Sur les quelque 12 000 migrants arrivés en Italie entre le début de l’année et la fin juillet, près de la moitié venaient de Tunisie. Et une majorité sont des Tunisiens, selon les autorités italiennes. Ces dernières attribuent la hausse des arrivées à la crise du coronavirus, et à ses retombées économiques et sociales.
Il y a quelques jours, le ministère italien de l’Intérieur évoquait « un flux exceptionnel de migrants économiques ». Face à cette situation, la ministre italienne de l’Intérieur s’est déplacée en Tunisie, à Carthage il y a une dizaine de jours. Luciana Lamorgese a été reçue par le président, pour évoquer la question de la lutte contre ces migrations clandestines.
Quelques jours plus tard, dimanche dernier, le chef de l’État tunisien s’est quant à lui rendu à Sfax et à Mahdia, sur la côte tunisienne, les deux principaux points de départ des embarcations qui tentent de rallier l’Italie. Kais Saied a estimé que l’approche sécuritaire ne suffisait pas, qu’il fallait aussi aborder les causes de ce phénomène migratoire. Il a pointé du doigt la répartition des richesses dans le monde, mais aussi les problèmes économiques et politiques de la Tunisie.
La Tunisie connaissait une crise économique et sociale, avant même le Covid. Le Covid aggravé cette situation. Il y a plus de chômeurs, plus de pauvreté (…) Et aussi, la Tunisie connaît une crise politique. Ce sont des messages négatifs pour les Tunisiens.
Romdhane Ben Amor, membre du Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux