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J-L Billon (PDCI): «Le retour du président Ouattara montre que le RHDP est à bout de souffle»

Notre invité ce matin est Jean-Louis Billon, ex-ministre ivoirien du Commerce, l’un des secrétaires exécutifs du PDCI, le parti de l’ancien président Henri Konan Bédié qui sera d’ailleurs investi le week-end prochain officiellement. Depuis la mort de son dauphin désigné, le chef de l’État Alassane Ouattara qui termine à 78 ans son deuxième quinquennat, n’exclut pas de se représenter. Vous avez peut-être pu entendre sur notre antenne le directeur exécutif du RHDP Adama Bictogo expliquer pourquoi il était la solution du RHDP dans ces circonstances exceptionnelles. Voici la réaction de l’opposant Jean-Louis Billon, interrogé par Carine Frenk.

RFI : Les appels pour une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle se multiplient. Quelle est votre sentiment ?

Jean-Louis Billon : A vrai dire, nous ne sommes pas surpris. Parce que, malheureusement, le candidat qui était choisi étant décédé, le RHDP n’a pas d’autre choix que de demander à Alassane Ouattara de repartir pour un troisième mandat.

Vous le regrettez ?

Personnellement, oui, je le regrette et je pense que beaucoup d’Ivoiriens regrettent qu’il fasse un troisième mandat. Dans les démocraties modernes tout le monde fait deux mandats et se retire. Et lorsque l’on regarde la fonction présidentielle, c’est une fonction extrêmement exigeante. Elle est usante. Je pense que le président Alassane Ouattara a rempli deux mandats, il mérite un repos réparateur.

Il a le droit de se présenter, explique-t-on du côté du RHDP. Vous n’êtes pas d’accord ?

Nous n’avons pas grand-chose à dire, à part le fait de débattre et de dire que c’est dommage. Nous sommes en face d’un régime qui piétine souvent la Constitution et n’en fait qu’à son bon vouloir. Donc nous savons que si jamais ils décidaient de choisir Alassane Ouattara comme le candidat du RHDP, ils iront avec Alassane Ouattara et nous aurons Alassane, à l’élection présidentielle.

Alassane Ouattara avait prévenu, si l’ex-président Bédié y allait, il se réservait le droit d’en faire tout autant…

Oui, il avait prévenu longtemps avant de dire lui-même qu’il n’était pas candidat. Donc cet argument-là n’est plus valable aujourd’hui.

C’est vrai que le président Ouattara avait affirmé qu’il était temps de laisser la place à la nouvelle génération. Cela dit, au PDCI, l’ancien président Henri Konan Bédié a 86 ans. Lui non plus, ne renonce pas.

Oui, pour préserver l’unité et la force du PDCI, qui a été menacé de disparition par le régime en place.

Et vous-même, vous avez fait le choix de vous ranger derrière lui. Il n’y a pas de place, cette année, pour la nouvelle génération ?

Si, la nouvelle génération est présente ! L’équipe entière est composée de la nouvelle génération. Nous avons un candidat, certes âgé, que nous appelons « le vieux », il nous conduit à la victoire et c’est cette équipe de jeunes cadres dynamiques, qui va gérer aux côtés du président Henri Konan Bédié la destinée de la nation.

Adama Bictogo du RHDP a déclaré : « Le président Ouattara est le mieux placé pour battre Henri Konan Bédié au premier tour ». Qu’avez-vous envie de lui répondre ?

C’est impossible de gagner au premier tour en Côte d’Ivoire ! Vous savez, le RHDP est dénué d’une bonne partie de ses cadres. C’était une coalition, nous en faisons partie. Nous nous sommes retirés et le RHDP se retrouve seulement avec Alassane Ouattara comme personne véritablement crédible. Ce n’est que le RDR rebaptisé. Tous les partis qui constituaient le RDHP, se retrouvent aujourd’hui dans la coalition, avec le PDCI-RDA. Le fait qu’il ait besoin de revenir montre que le RHDP même n’est pas prêt. Ils n’ont pas les cadres qu’il faut pour diriger le pays et l’ensemble de leur système est à bout de souffle. Il est temps de tourner la page et nous allons tourner la page RHDP.

Mais le président Ouattara ne sera-t-il pas plus difficile à battre ?

Difficile à battre, non… S’il était à son second mandat, oui. Mais là, il s’agit de revenir pour faire un troisième mandat. Et le fait de vouloir faire un troisième mandat n’est pas véritablement accepté par les Ivoiriens.

Où en est l’accord avec le FPI de Laurent Gbagbo ?

Nous avons un accord. Ils font partie de notre coalition.

Mais vous parlez d’une alliance politique, pas d’une alliance électorale, pour le moment…

Personne n’abandonne son idéologie. Lorsque le processus de choix des différents candidats de notre coalition sera terminé, nous allons travailler sur l’alliance électorale. A savoir, déterminer comment on se retire au profit du candidat le mieux placé pour remporter l’élection. Mais nous allons clairement vers une alliance électorale.

Le PDCI demande aujourd’hui la refonte complète de la Commission électorale indépendante chargée d’organiser le scrutin. La Cour africaine des droits de l’homme vous a donné en partie raison. Mais n’est-ce pas trop tard ? Vous n’êtes pas dans une logique de boycott…

Nous ne sommes pas dans une logique de boycott. Voyez-vous, le PDCI n’a jamais boycotté d’élection. Ce que nous demandons, c’est une commission électorale véritablement indépendante. Celle que nous avons aujourd’hui ne l’est pas. Il en va de la crédibilité même de l’ensemble du processus électoral. Il est important que l’on revoie cette commission électorale. C’est peu demander, pour garantir la cohésion sociale et la paix en Côte d’Ivoire.

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