La pandémie de Covid-19 risque de compromettre la réalisation des ODD, les Objectifs du développement durable, pour lesquels la participation des petites et moyennes entreprises est indispensable. Les pays africains sont rentrés très démunis dans la gestion de cette crise du secteur privé. Le secteur productif est tellement petit qu’il n’attire pas l’investissement privé international. C’est ce qui ressort d’une conférence virtuelle organisée il y a quelques jours (le 16 juin) par la FERDI, la Fondation pour les études et recherches sur le développement international. Une conférence intitulée : La pandémie de Covid-19, financement international des ODD face aux vulnérabilités nouvelles.
Avec peu de banques dédiées au secteur des PME en Afrique, les grandes institutions financières publiques, qu’elles soient multilatérales, comme la Société financière internationale ou nationales, comme l’Agence française de développement devraient prendre le relais pour participer aux efforts de gestion de la crise actuelle. Mais il faut que les dirigeants de ces institutions changent leur mode d’intervention, selon Jean-Michel Severino, fondateur et Président d’Investisseurs et Partenaires, spécialisé en investissement d’impact :
« Il faut qu’ils cessent de se considérer comme étant des investisseurs cherchant des taux de retour similaires à ceux du secteur privé. Il faut qu’ils assument d’être des instruments de politiques publiques, avec des objectifs de rendements et de niveaux de risque compatibles avec les objectifs de politiques publiques. »
Encore faut-il pouvoir tenir la charge de la dette quand les choses vont mal. Avec les difficultés économiques dont font face tous les pays aujourd’hui, un certain nombre d’entre eux, notamment africains, doivent affronter la réalité. Tidjane Thiam, envoyé spécial de l’Union africaine pour mobiliser le soutien international aux plans de riposte anti-covid-19 sur le continent :
« Le recours au prétendu accès au marché privé ; beaucoup de pays ont été séduits, mais ils se sont endettés à des conditions non acceptables. Ils ont accepté des clauses qui ne sont pas imposées aux autres pays et donc, pour cette espèce d’illusion d’accès au marché, ils ont une dette qui est peut-être à bon marché en termes d’intérêts. Mais par exemple beaucoup de pays aujourd’hui ne peuvent pas venir dans l’initiative de suspension de la dette, parce qu’ils ont donné aux banques qui leur fournissaient des capitaux une clause qui dit que s’ils discutent avec qui que ce soit, ça peut être un cas de défaut ! »
Il ne faudrait donc pas que l’accès aux capitaux soit défavorable à l’emprunteur. Mais pour Laureen Kouassi-Olsson, responsable du bureau Amethis en Afrique de l’Ouest, la plupart des pays africains ne sont plus aussi vulnérables que par le passé :
« Nous sommes aujourd’hui, en dépit du Covid-19, le continent avec le plus fort taux de croissance économique. Aujourd’hui et pour l’instant, nous sommes le continent avec le taux de mortalité le plus faible liée au Covid-19. Compte tenu de la jeunesse de notre population et du fait que nous avons aussi un historique de gestion de maladies et de pandémies telle que le paludisme qui, quoi qu’il arrive et même si le Covid-19 s’accélère, continuera de tuer plus que le Covid-19. Et aujourd’hui, jusqu’à preuve du contraire, nous n’avons toujours pas de vaccin contre le paludisme, ce qui ne nous empêche pas de croître, de grandir et de redéfinir nos modèles économiques. »
Les pays qui tirent aujourd’hui la croissance du continent se classent en deux catégories. L’une avec ceux qui ont une forte dépendance au cycle des matières premières et qui vont pâtir énormément de la crise actuelle ; l’autre avec ceux qui ont une économie plus diversifiée et qui devraient mieux amortir le choc.