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La gestion des fonds pour lutter contre le coronavirus pose question à Madagascar

La société civile malgache a organisé jeudi 2 juillet un débat entre le ministère de la Santé et les citoyens retransmis en direct sur les réseaux sociaux, sur la question de la gestion des fonds et des équipements pour combattre le virus à Madagascar. Quelle stratégie pour combattre le virus ? Avec quels outils ? L’absence de réponses sur certains sujets précis n’a pas joué en faveur de la transparence.

Avec notre correspondante à Antananarivo

« Comment pourrais-je savoir où vont tous les financements que l’Etat malgache a reçu depuis le début de l’épidémie ? » La question de cet internaute – que beaucoup se posent en ce moment – a pu être posée à l’invité du débat, le secrétaire général du ministère de la Santé. « Malheureusement, je n’ai pas eu de réponse satisfaisante. En fait, pas de réponse du tout. »

Depuis le début de la pandémie, Madagascar a bénéficié d’au moins 598 millions de dollars d’aides budgétaires octroyés par les partenaires techniques et financiers. Hony Radert est la représentante du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes à l’initiative du débat.

« Aujourd’hui, les organisations de la société civile ne savent pas comment on doit utiliser cet argent, qu’est-ce qui a déjà été utilisé et pour faire quoi. On attend une transparence par rapport à ça, par rapport à la santé. Nous avons posé la question au secrétaire général du ministère de la Santé pour savoir quels sont les fonds qui lui sont alloués, quel est son budget, et comment il compte utiliser ces fonds et comment nous citoyens, on peut suivre la répartition de ces fonds au niveau des différentes structures concernées. On aurait voulu des détails sur le budget et sur la stratégie et sur les perspectives ; quand est ce qu’on atteindrait le pic et quand est-ce que le virus serait déclaré fini. Or, on n’a pas eu de réponse claire par rapport à ça ce matin au débat. »

L’internaute dit regretter le manque de communication de la part du gouvernement, une fois les projets lancés. « Au début, on est abreuvé d’informations, dans la presse, sur Twitter, Facebook … Et dès que l’inauguration est faite, on n’entend plus parler du projet, qui en a réellement bénéficié, quelles sommes ont été distribuées, investies, dépensées… »

« Pour nous, poursuit Hony Radert, le pays navigue à vue, dans la lutte contre le Covid-19. Il faut que nos politiciens écoutent nos techniciens. Nous, nous avons cette perception qu’aujourd’hui, c’est la présidence qui mène la danse et qu’on ne prend pas assez en compte les techniciens au niveau du ministère de la santé par exemple. Or c’est avant tt une crise sanitaire ; il faudrait que ce soit eux, les experts, que l’on écoute, qui soient au front, à nous communiquer les infos. »

Cette gestion dite « politique » de la crise, les bailleurs le confirment. L’opacité sur l’utilisation des fonds et la distribution des matériels, également. D’autres regrettent surtout la manière dont les experts en santé ont longtemps été mis à l’écart, dans la gestion de cette crise sanitaire.

Par ailleurs, les internes en médecine sont toujours en grève pour protester contre l’absence d’équipements de protection. Le ministère de la santé leur avait assuré que tous recevraient des kits jeudi. La distribution tant attendue n’a pas eu lieu. Interrogés, les plus gros bailleurs confirment pourtant avoir commandé et livré au gouvernement, fin juin, du matériel de protection.

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