La Société minière de Kilo-Moto (Sokimo) doit-elle céder sa participation de 10% dans l’une des mines d’or les plus prometteuses d’Afrique ? La mine de Kibali et ses réserves aurifères certifiées sont évaluées à 1,5 million d’onces, soit 2,3 milliards de dollars au prix actuel de l’or. En tout cas, cette société d’État, a signé début février un protocole d’accord pour céder ses parts à ce qu’on appelle une junior, AJN Resources Inc., qui compte à peine plus d’un million de dollars de capital.
À en croire les derniers chiffres égrénés par le ministre du Portefeuille, la Sokimo est bord de la faillite : 80 mois de salaires impayés et quelque 200 millions de dollars de dettes, malgré un portefeuille d’actifs très alléchant. Selon le protocole d’accord signé en février dernier, elle prendrait 60% des parts d’AJN Resources, en échange de quoi elle lui céderait notamment ses parts dans la mine de Kibali qui valent des centaines de millions de dollars.
Pour Jimmy Munguriek, de l’ONG CDC, cette transaction est défavorable aux intérêts de la Sokimo : « Nous demandons simplement que le président de la République ne puisse pas approuver cet accord-là, l’annuler et de commander l’audit qui va montrer la voix que la Sokimo doit suivre. »
Cette transaction est d’autant plus suspicieuse, pour la société civile, que celui qui en bénéficie, Klaus Eckhof, le patron d’AJN Resources, a été mentionné dans différents rapports d’intelligence économique comme étant impliqué dans des transactions douteuses dans le domaine minier dans d’autres provinces du pays, en lien avec l’ancienne famille présidentielle.